Recentré sur l'isolation, Recticel explique sa stratégie
A l’occasion des 10 ans de l’usine de Bourges, le groupe a officialisé l’orientation vers un nouveau cap initié il y a deux ans pour réorienter toutes ces forces vives vers le secteur de l’isolation. Ralf Becker, PDG de Recticel Insulation détaillent les conséquences sur l'organisation et les gammes.
Le polyuréthane, c’est un matériau que l’on trouve au sein de nombreux produits utilisés par l’industrie : dans la literie (Bultex), dans l’automobile (en autres dans les sièges) et bien sûr dans le Bâtiment, avec des panneaux isolants hautes performances, par exemple. Et le groupe Recticel, présent sur ces différents marchés, a souhaité, à l’occasion des 10 ans de l’usine de Bourges, annoncer l’orientation vers un nouveau cap initié il y a deux ans pour réorienter toutes ces forces vives vers le secteur de l’isolation. La première session a eu lieu en juillet 2020 (automobile) pour s’intensifier fin 2021 avec le rachat de Bedding par Aquinos. Ces ventes ont permis à Recticel d’accumuler un bon “matelas” financier lui permettant dans une phase d’acquisition : achat du polonais Gör-Stal (activité panneaux PU) en mars 2021 suivi par l’annonce d’acquisition de Trimo, spécialisée dans les panneaux sandwich et cassettes de façade.
Quatre gammes parfaitement positionnées
Première conséquence de ce changement de stratégie, une baisse notable de chiffre d’affaires. « Nous étions à 1,3 Md€ fin 2019 pour “retomber” à 400 M€ pour l’exercice 2021, explique Ralf Becker, PDG du Recticel Insulation. À ce chiffre, nous pouvons ajouter 140 M€ depuis le rachat de Trimo. Et notre objectif à horizon 2025 est ambitieux puisque nous visons les 800 M€ ». Une croissance non négligeable sur un marché européen et national très concurrentiel même si beaucoup estiment que le polyuréthane n’a pas la place qu’il mérite sur le marché français.
« Notre nouveau positionnement va nous permettre de focaliser nos investissements sur l’isolation à 100 %, au lieu de la saupoudrer sur plusieurs activités comment nous le faisions avant, souligne le P-dg. De plus, les préoccupations environnementales et la sobriété énergétique recherchée par de nombreux pays laissent entrevoir un potentiel important pour le secteur de l’isolation. Et nous savons que nous pouvons conquérir de nombreuses parts de marché dans les années à venir ».
En attendant, la gamme Recticel Insulation est d’ores et déjà bien structurée avec 4 familles au périmètre parfaitement défini : les panneaux d’isolation en PIR, les solutions d’enveloppe avec isolation intégrée, les panneaux isolants sous vide et les panneaux isolants thermo-acoustiques.
Vers des produits vertueux
On en parle de plus en plus souvent. Les produits isolants permettent d’économiser l’énergie et d’améliorer le confort mais, en majorité, leur production nécessite une grande quantité d’énergie grandement d’origine fossile, donc au bilan carbone peu favorable. Même si les composants du PU sont d’origine organique, cet isolant n’est pas “cuit” car sa création est le fruit d’une réaction exothermique. Néanmoins, le fabricant travaille en permanence sur son empreinte carbone afin de la réduire autant que possible. Sans confirmation de la part de l’industriel, la filière PU fait phosphorer sa R&D pour trouver les composants plus verts, à l’instar des styrènes végétaux récemment utilisés pour les PSE nouvelle génération.
L’économie circulaire est également au cœur des enjeux de Recticel. La preuve avec le lancement il y a quelques mois du panneau thermo-acoustique Silent Wall composé à 70 % de mousse issue des 100 000 matelas en fin de vie collectés et recyclés chaque année. Ce panneau est fabriqué dans l’usine d’Angers (49).
Quant à l’usine de Bourges qui vient de fêter son 10e anniversaire, les investissements vont continuer avec une extension de la ligne “Panneaux PIR” et l’optimisation du process afin de passer des 600 000 m3 actuels à 900 000 en 2025, à comparer aux 150 000 m3 au démarrage de l’usine en 2013.