Net recul de Brico Dépôt et Castorama au T3... Et du marché français ?
Au 3e trimestre, le chiffre d’affaires du groupe Kingfisher s’est érodé de 2,7 %. Principale raison ? Le net repli d’activité de ses enseignes Françaises. Brico Dépôt dégringole à -10,4 % et Castorama limite un peu la casse à -6,7 %. Des résultats plus faibles qu’escomptés, mais que le Britannique juge plus ou moins en ligne avec les données Banque de France pour le marché français.
Avec un chiffre d’affaires consolidé de 3,23 Md£ (± 3,75 Md€) au T3, Kingfisher enregistre un volume de ventes en repli de 2,7 % à périmètre constant. Au Royaume-Uni, le distributeur a affiché de bonnes performances en enregistrant une hausse de ses ventes et des parts de marché de B&Q, TradePoint et Screwfix.
En revanche, c’est une autre musique de ce côté-ci de la Manche où Castorama chute de 6,7% à 543 M£ (± 635,3 M€), tandis que, de son côté, Brico Dépôt plonge de 10,4% à 491 M£ (± 574,5 M€) à périmètre constant.
Depuis septembre 2022, Kingfisher conteste le calcul des données de ventes de la Banque de France. Des révisions ont été apportées à la méthodologie de calcul à partir de septembre 2023 inclus. Kingfisher France soumettra rétrospectivement ses données de ventes à la Banque de France à partir de cette date.
Indice corrigé et… contestations
Thierry Garnier, le directeur général du groupe, souligne qu’« en France, nos performances ont été affectées par la faiblesse du marché de la distribution, et par un retard dans le démarrage des ventes de produits d’isolation, de plomberie et de chauffage – des catégories qui sont particulièrement représentées chez Brico Dépôt – en raison d’un automne exceptionnellement chaud et d’une base de comparaison élevée l’an dernier dans ces catégories ».
Quand le dirigeant parle de « faiblesse » de la distribution à propos de Kingfisher France, il s’appuie, a priori, sur la vision “corrigée” de l’indice Banque de France des ventes de bricolage en GSB pour soutenir cette affirmation.
« En France, nos performances ont été affectées par la faiblesse du marché de la distribution, et par un retard dans le démarrage des ventes de produits d'isolation, de plomberie et de chauffage. »
Thierry Garnier, directeur général de Kingfisher.
Une correction qui intègrerait la nouvelle méthode de calcul demandée par Kingfisher et qui positionnerait le marché hexagonal en chute de 9,1 % en septembre 2023 et de 5,7 % en octobre.
Bien sûr, dans ce cas, l’activité de Kingfisher France sous-performe le marché. Certes ! Mais moins que ce que certains observateurs et analystes pouvaient craindre (voir infographies ci-dessous). En outre, le groupe conteste les chiffres avancés par la Banque de France pour les premiers et deuxièmes trimestres 2023 à, respectivement, +0,5 % et +1,6 %.
À noter qu’en Pologne, il observe les premiers signes de reprise dans un contexte économique et de consommation qui s’améliorent progressivement. Néanmoins, en raison de la faiblesse du marché hexagonal et malgré des « actions proactives en matière de coûts », la maison-mère britannique revoit à la baisse ses prévisions de bénéfices pour l’année complète.
Screwfix, e-commerce et IA
Kingfisher conserve pourtant quelques raisons d’espérer. Le niveau de ses ventes en ligne a progressé de 7,4%. « Nos marketplaces se développent rapidement ; la marketplace de B&Q atteignant 35 % du total de ses ventes en ligne en octobre », se félicite Thierry Garnier.
Autre source de satisfaction : Screwfix. Le concept discount a poursuivi son expansion à l’international en se lançant en tant que pure player dans six nouveaux pays européens : Pologne, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse et Autriche.
Par ailleurs, l’enseigne a implanté quatre nouveaux comptoirs en France sur le seul troisième trimestre 2023. Et y compte désormais dix-sept unités.
« Nous continuons aussi à tirer parti de l’intelligence artificielle [IA] et de la data pour soutenir les ventes, les bénéfices et le cash, notamment en développant notre offre de retail media à travers le groupe », met entre autres en exergue le DG.
Inflation, mais productivité ?
Pour rédiger sa feuille de route 2024, Kingfisher souhaite se focaliser sur ce qui est sous son contrôle. En premier lieu, continuer à faire croître ses parts de marché au Royaume-Uni, en France et en Pologne en déployant ses « initiatives stratégiques de croissance ». Ensuite, continuer à gagner en productivité « pour compenser l’inflation des salaires ».
Enfin, réaliser ses objectifs en matière de free cash-flow et de retour aux actionnaires. Le groupe anglais anticipe la poursuite de l’inflation des prix de ses achats de marchandises − bien qu’à un niveau nettement inférieur ! − et s’attend à des prix de marché rationnels et à des indices prix compétitifs dans toutes ses enseignes.
Et le patron de Kingfisher de conclure : « En ce qui concerne les perspectives de moyen à long terme, nous restons très optimistes quant à la croissance de l’amélioration de l’habitat sur nos marchés et à notre capacité à croître plus vite que nos marchés ».