
Les grossistes fragilisés et inquiets pour leur capacité à investir dans leur métier

À la veille de son assemblée générale du 19 juin, la Confédération des grossistes de France (CGF) tire la sonnette d’alarme sur les multiples menaces économiques, fiscales et réglementaires qui fragilisent les entreprises du secteur.
Les grossistes gardent le moral et assurent tout faire pour être solidaires de leur amont et de leur aval mais c’est loin d’être évident dans le contexte actuel. « Nous nous forçons à être optimistes ! Nous sommes des chefs d’entreprise, nos entreprises sont citoyennes », a résumé Stéphane Antiglio, président de la CGF, à l’occasion d’une réunion avec la presse la semaine dernière.
Il a dressé un panorama du commerce de gros particulièrement sombre « dans un contexte économique peu positif et avec un niveau d'incertitude presque jamais atteint ». Tous secteurs confondus, le chiffre d'affaires du commerce de gros a légèrement reculé en 2024 (-1,4 %) et le dernier baromètre CGF-Xerfi Specific pour le T1 2025 confirme une poursuite de la dégradation de l’activité (voir encadré ci-dessous).
« La coupe est pleine ! »
Raison pour laquelle la CGF se dit moyennement optimiste à propos de l’évolution du climat d’affaires et des « règles du jeu qui bougent en permanence ». Si l’ensemble des entreprises sont touchées par des dispositions du PLF 2025, celles du commerce de gros sont particulièrement impactées par le coup de rabot sur les allègements des charges sociales et par la réduction des aides à l’apprentissage.
Ce à quoi s’ajoutent par ailleurs les contraintes réglementaires du calendrier pour les trois ans qui viennent. À savoir : le verdissement des entrepôts et des flottes, le passage à la facturation électronique prévu pour septembre 2026, lequel sera un chantier très lourd.
De même, l’absence de visibilité pour la filière REP EP (emballages industriels et commerciaux) pour laquelle les professionnels sont toujours dans l’attente d’arrêtés et de décrets alors que celle-ci devrait être mise en œuvre au 1er janvier 2026.
« Nous avons besoin de certitudes pour planifier nos activités. »
Stéphane Antiglio, président de la CGF
Si la CGF estime que les ambitions derrière la volonté de transformations sont louables, l’organisation patronale conteste leurs mises en œuvre simultanées, sans lisibilité, ni accompagnement. « La coupe est pleine ! Il faut des calendriers compatibles avec la mise en route et la réalité économique. Le commerce de gros a l’impression d'être poussé à la faute. Nous nous insurgeons ! », martèle Stéphane Antiglio.
D’autres sujets d’inquiétudes pointent aussi à l’horizon. Au cours des prochains mois, la confédération prévient qu’elle se montrera particulièrement vigilante sur le sujet des autorisations pour l’agrandissement des entrepôts à partir de 800 m², sur le projet d’interdiction du chargement-déchargement par les chauffeurs-livreurs ou encore sur le projet de transposition avant juin 2026 d’une directive européenne sur la transparence des rémunérations.
Autant « d'usines à gaz » administratives que redoutent les grossistes, selon le chef de file de la CGF. Et autant de financements coûteux qui devraient grever leurs capacités d’investissement dans leur métier (digitalisation, réduction de la pénibilité au travail, etc.).
Nul doute que l’intervention de Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat, des PME et de l’Économie sociale et solidaire, prévue en clôture de l’AG du 19 juin, sera écouté avec attention. Jean-Charles Schamberger
Les principaux chiffre du baromètre CGF-Xerfi Specific
Les résultats du baromètre trimestriel CGF-Xerfi Specific font état d’un chiffre d’affaires du commerce de gros en recul de -1,5 % au T1 2025 vs le T1 2024. Avec de fortes disparités entre secteurs dont :
• Bâtiment : -4,5 %, sans perspective de reprise au printemps.
• Produits manufacturés : -1,5 %, avec des signes d’essoufflement persistants.
• Pièces détachées automobile : +0,1 %, soit une stabilisation après deux trimestres dynamiques.
• Produits agricoles et alimentaires : -1 %, malgré une relative résilience sur les surgelés et produits laitiers.
• Santé : +2,5 %, seul secteur à poursuivre sa croissance.
Par ailleurs, les intentions de recrutement sont en baisse dans le commerce de gros. Seuls 19 % des professionnels envisagent de recruter contre 30 % au T4 2024. Quant aux tarifs fournisseurs, ils estiment qu’ils devraient augmenter de… 52 % en moyenne.
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