
« Sur un marché disputé, nos dossiers en cours et nos projets ne sont pas mis en veille »

Entre météo des chantiers et bulletin de santé du marché de la rénovation énergétique, Fabio Rinaldi livre son analyse. Et revient sur les grands sujets en cours au sein de la coopérative parmi lesquels figurent en bonne place la MDD, les concepts marketing et merchandising ou encore la logistique et la publication d’un tout premier rapport RSE à la rentrée.
Il n’y a pas de réelle certitude, mais c’est l’impression qui prévaut chez beaucoup d’acteurs de la filière. N’oublions pas que l’activité est dans le rouge depuis juillet 2023 ! Avec de fortes amplitudes allant jusqu’à -18 %, et d’autres mois compris entre -5 % et -10 % en moyenne. Cependant, certains adhérents commencent à voir poindre un peu de vert au niveau de leurs ventes. Il y a un léger frémissement dans le neuf, notamment en maisons individuelles. Peut-être que le point bas arrivera d’ici à la fin 2025.
Malgré ces quelques signaux positifs, il reste difficile de se projeter. Nous construisons des scénarios avec une croissance de marché nulle, voire à +2 % pour établir nos budgets. Mais je ne m’attends pas à un net rebond.
Globalement, la coopérative est à plus ou moins deux points au-dessus de la profession. À fin mai 2025, le CA s’affichait à -5,5 %. Certaines familles de produits du gros œuvre semblent vouloir repartir depuis le début de l’année – à l’instar, entre autres, de la couverture où l’activité est un peu meilleure qu’en 2024. Reste que la hausse des volumes est encore timide. Et c’est sans compter sur l’instabilité politique, réglementaire et macro-économique.
« S’il faut bien sûr combattre la fraude (environ 10 % des dossiers traités par l’Anah), le moratoire concernant MaPrimeRénov’ pénalise toutes les autres demandes de travaux accompagnés (hors monogestes). »
On en est à la 15e version de MaPrimeRénov’ en cinq ans. S’il faut bien sûr combattre la fraude (environ 10 % des dossiers traités par l’Anah), le moratoire pénalise toutes les autres demandes de travaux accompagnés (hors monogestes). Avec des effets collatéraux telle que la chute vertigineuse des ventes de PAC qui, toutefois, n’est pas notre cœur de marché. La majoration prévue des CEE pour rebooster les rénovations d’ampleur est un vrai signal positif, notamment pour l’isolation et la menuiserie.
La rénovation énergétique est un secteur structurant pour le réseau à moyen et long termes. Nous avons lancé lors des BigMarkets 2024 une offre photovoltaïque en fourni-posé – pour une puissance moyenne installée comprise entre 4,5 et 8 kWc. Une vingtaine d’adhérents l’ont déjà intégrée en agences avec un bon accueil auprès des clients. Le dispositif est en phase d’accélération puisqu’une quinzaine d’autres membres devraient les rejoindre courant 2025. À ce jour, près de 500 projets ont été menés, tandis que plus de 150 collaborateurs ont d’ores et déjà été sensibilisés à travers notre programme de formation dédié. En parallèle, notre offre d’aménagements extérieurs se formalise en lançant cette année le concept Espace Paysage pour accéder à de nouveaux marchés [voir encadré ci-dessous : Ndlr]. En Seine-Maritime, notre adhérent Pontif & Cariou l’a déjà implanté.
Concept merchandising • L’offre AmEx se formalise
Dévoilé en avant-première lors des BigMarkets en février 2025, « le nouveau concept Espace Paysage vise à permettre aux adhérents de se positionner sur un segment en plein boom en France [avec un chiffre d’affaires ventes évalué à près de 8,3 Md€ selon notre confrère Les Échos Études : Ndlr]. Le dispositif cible tant les professionnels (artisans, spécialistes du paysage et de l’environnement) que les particuliers avec un plan de vente complet pour concevoir des espaces extérieurs (terrasses, piscines, jardins, etc.) », détaille Fabio Rinaldi.
Circuit court et empreinte CO2
Le concept vient compléter les Espaces Menuiserie et Espaces Carrelage que l’enseigne déploie déjà depuis 2018. Parmi les points forts avancés par la coopérative ? Environ 30% de produits et matériaux locaux (pierres naturelles, dallages, murets, parements, bardages, bois de terrasse, portails, clôtures, pergolas).
Objectifs visés par le groupement : « Diminuer le plus possible l’impact environnemental de notre assortiment et l’empreinte carbone des produits tout en soutenant l’économie locale », argumente le dirigeant.
« Il me paraît difficile qu’industriels et négoces fassent passer de nouvelles hausses tarifaires après trois ans d’inflation sur le prix des matériaux. »
À périmètre courant, le volume d’achats a atteint les 89 M€ contre 82 M€ en 2024. Vu la conjoncture, le résultat est encourageant. Cela prouve aussi que nos chefs d’entreprise restent confiants. Les éditions de Mâcon et Poitiers ont d’ailleurs accueilli dix fournisseurs supplémentaires.
Notre stratégie n’a pas changé. La centrale continue d’élargir nos différentes gammes de produits sous appellation BigMat. Ce sujet a été abordé lors de nos 22es BigMarkets en février 2025. Les points de vente disposent actuellement d’un catalogue de 250 références. Notre objectif est de cibler dix catégories à prioriser pour pouvoir disposer d’un supplément d’offre dès 2026 qui viendra en complémentarité des gammes proposées par nos fournisseurs.
Il me paraît difficile qu’industriels et négoces fassent passer de nouvelles hausses après trois ans d’inflation sur le prix des matériaux. La filière doit sans doute faire l’économie de nouvelles hausses au risque de voir nos marché s’effondrer un peu plus.
Soulignons d’abord que cette réglementation a créé une dynamique industrielle forte en termes de R&D chez les fabricants. Elle a aussi permis au négoce de renforcer l’offre biosourcée et bas carbone. Dans un contexte de crise du Bâtiment, il est bienvenu de se pencher sur les surcoûts de la construction, d’analyser la soutenabilité des seuils 2025, 2028 et 2031, et d’évaluer leur impact sur la production de logements et la qualité du bâti. Or il ne faudrait pas que le rapport impose de nouveaux obstacles réglementaires, en particulier sur la notion de confort d’été.
« Concernant l’affichage de l’empreinte carbone des produits, nous nous donnons jusqu’à fin 2026, voire 2027 pour examiner la faisabilité et la pertinence du dispositif. »
Les adhérents ont été sensibilisés à la mise en œuvre du décret Tertiaire concernant leur patrimoine immobilier. La centrale et certains adhérent agissent pour réduire l’impact carbone des achats (scope 3), et nous publions notre premier rapport RSE à la rentrée. Si le réseau ne s’appuie pas encore sur un e-shop, notre site transactionnel sera déployé au fil de l’eau en 2026. L’IA est déjà utilisée pour enrichir nos bases articles. Des sessions de formations permettent de rassurer les équipes et les d’embarquer pour exploiter les potentiels de l’IA. À la rentrée, un séminaire des dirigeants donnera l’occasion aux adhérents de témoigner sur leurs usages.
Logistique • La plateforme gaBI livre toutes ses promesses
Opérationnelle depuis avril 2018, la plateforme gaBi – basée près d’Orléans – a atteint un palier. Elle permet aux adhérents qui le souhaitent de bénéficier du picking pour leurs approvisionnements.
Le dispositif qui se veut « sans contrainte pour les adhérents », affiche aujourd’hui « un volume d’achats de l’ordre de 25 M€ par an, hors offre LS gérée, elle, par le groupe Cofaq », souligne le président du directoire de BigMat France. Un niveau jugé « conforme à nos prévisions avec, néanmoins, un fort potentiel de développement ».
BigMat France en bref
• 1,16 Md€ HT de CA 2024 (ventes) vs 1,3 Md€ en 2023.
• 92 adhérents à fin 2024 (93 en 2023).
• 324 points de vente à fin 2024 (314 en 2023).
• Environ 3 200 salariés.
(Source : BigMat France)
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