Nebopan « souhaite devenir européen »
Président du groupement de négoces spécialistes en bois & dérivés depuis 2019, Olivier Bouney a passé le relais au belge Éric Martens. Il nous explique en quoi cette transmission symbolise la volonté du groupemement de s’ouvrir hors des frontières nationales.
Comment qualifiez-vous les douze derniers mois de votre groupement ?
Olivier Bouney : Nebopan a connu une année de changements. Nous avons pour la première fois un président belge, Eric Martens, et également un nouveau vice-président, Hervé Auger, que j’ai accompagnés jusque récemment. Notre groupement franco-belge souhaite devenir européen, en restant francophone. Nous irons chercher d’autres adhérents dans les pays frontaliers. Des contacts ont été pris, qui pourraient aboutir d’ici six mois. Nebopan, ce n’est pas que la France. La Belgique apporte une vision différente, une ouverture d’esprit qui nous fait évoluer. Nous devons montrer aux fournisseurs que nos négoces, tout en restant régionaux et indépendants, ont des échanges à l’international. Sur les approvisionnements en bois, les problèmes sont mondiaux, avec la Chine et les USA qui raflent tous les bois. Si on ne reste qu’en France, on n’a plus de poids, on ne représente rien en volumes. Nous voulons garder notre particularité d’indépendants et nous faire entendre.
Nebopan a connu d’autres évolutions ?
O. B. : Christophe Chausson est notre nouveau directeur opérationnel suite au départ à la retraite d’Yves Gondran Tellier, qui nous a accompagnés durant dix années. Par ailleurs, après l’arrivée chez Nebopan de CBS début 2020, nous avons accueilli en juin les Scieries des Combrailles, un acteur du Puy-de-Dôme qui se développe au niveau négoce. Bouney a, de son côté, repris Batibois, qui était Nebopan. L’idée était de maintenir Batibois dans le giron du groupement et de permettre à l’entreprise de se développer avec l’équipe en place.
Comment vos entreprises se portent-elles ?
O. B. : J’ai la chance de pouvoir le dire : Bouney a clôturé à fin juin un exercice exceptionnel. La demande est forte, à un niveau inimaginable il y a un an ; nous avons énormément de chantiers. Globalement, le deuxième semestre 2020 a été très bon pour nos négoces, sauf ceux travaillant sur Paris et dans l’événementiel, pour des standistes. Le marché des terrasses, des aménagements extérieurs a été très porteur. Avec le Covid, les gens ont réaménagé leur maison, beaucoup sont partis des grandes villes et, du coup, les négoces en campagne ont beaucoup mieux fonctionné. Mais, revers de la médaille, nous rencontrons des difficultés d’approvisionnement incroyables et subissons des hausses tarifaires permanentes.
Comment gérez-vous ces pénuries ?
O. B. : Depuis février-mars, nous sommes perdus, nous gérons au jour le jour. Certaines hausses étaient nécessaires pour la survie de petits industriels qui vendaient leurs panneaux à perte. Les prix ne devraient pas trop descendre à l’avenir. On a connu des hausses entre 15 et 30 points selon les secteurs, qui ne bougeront pas. Nous avons mis des personnes en place qui modifient nos tarifs au quotidien. Nous essayons d’être les plus réactifs possible et d’informer nos clients ; nous leur conseillons de faire leurs devis avec des prix à la hausse. Je ne vois pas d’amélioration avant mars 2022. Du fait des problèmes de production avec le Covid, nous n’avons pas pu faire de surstocks et nous avons explosé. Après la fermeture des usines en été, nous allons redémarrer en septembre avec des délais importants. Les fournisseurs poursuivront les quotas sur 2022. Au final, c’est le dernier maillon de la chaîne qui trinque et ça crée une inflation. Le coût du foncier avait augmenté et on tirait sur le bâtiment pour élaborer des projets viables. Là, on assiste à un rééquilibrage plus ou moins nécessaire. On avait quand même des usines qui créaient des pertes, des artisans qui faisaient 80 heures par semaine pour y arriver !
Comment fonctionne Woodalliance, votre coopération commerciale avec Sylvalliance ?
O. B. : Woodalliance permet de passer un message à des fournisseurs qui nous ignorent parfois. Woodalliance a plus négocié des volumes que des prix, pour être sûrs de pérenniser nos sociétés et permettre à nos clients d’avoir la matière. Woodalliance est une lumière qui permet d’être vu. Est-ce un plus face à la pénurie ? Oui et non, car il y a toujours de l’individualisme quand il y a des pénuries. Mais nous allons en sortir grandis et voir le partenariat avec les fournisseurs différemment.
Comment la filière bois aborde-t-elle la question des déchets ?
O. B. : La REP sera un sujet de réflexion pour le bureau en place. Pas mal de Nebopan ont des compacteurs pour optimiser les volumes, nous réfléchissons différemment sur le tri. C’est bien que tout le monde s’y mette. Les déchets doivent être récupérés, réutilisés et le bois s’y prête. On gaspille beaucoup moins, la filière s’organise. Le bois est le seul matériau renouvelable naturellement, c’est le matériau d’avenir. On le voit avec l’arrivée des majors du Bâtiment dans la construction bois et des gros projets comme la tour en bois à Bordeaux. On avait un gros manque de compétences sur le terrain, elles vont arriver avec les groupes et cela va faire avancer la maison ossature bois.
Quel est l’enjeu autour de la formation ?
O. B. : Tous les Nebopan ont des problèmes de recrutement, sur les chauffeurs, les commerciaux, les chefs d’agence. L’avenir, c’est la jeunesse. Nebopan a relancé son école bois EBENe. Une quinzaine de personnes seront formées à la rentrée. Cette formation sur un an sera désormais qualifiante, nous avons fait les démarches administratives. Elle permet de former à l’essentiel, aux produits bois et aux connaissances techniques. Certains ne sont pas pris par les écoles du bois, mais sont des passionnés. Nous essayons de faire du rattrapage avec eux.
Nebopan • Chiffres-clés
• 516 M€ HT de chiffre d'affaires en 2020 (ventes) en France ; 91 M€ en Belgique.
• 22 adhérents en France (Descamps, Roger Bois, Catimel, Ratheau, Grosjean, Jean Hue Socoda, Armor Bois, Doineau, Landre, Rullier, Partedis, Lalliard, Rion, Corne, Cica, Machot, Coste, MBA, B Comme Bois, CBS, Ciffreo Bona (2 Dépôts Carros et Jullier) et Scierie Des Combrailles + 2 adhérents en Belgique (Martens et Biemar).
• 78 points de vente en France et 6 en Belgique.
(Source : Nebopan)