[FDMC] Aux “Rendez-vous du Négoce”, des clés pour ouvrir (plus) de portes aux nouveaux talents

Stéphane Vigliandi
Image
Les 11es Rendez-vous du Négoce - Mai 2022 - Débat Apprentisage

État des lieux, leviers réglementaires et solutions pratiques : face à des métiers toujours en tension dans la filière du BTP, la FDMC a braqué les projecteurs sur les différents moyens à la portée des négoces généralistes et multipsécialistes pour rendre la profession « plus attractive ».

Partager sur

Au regard de la conjoncture économique, les débats des 11es “Rendez-vous du Négoce” auraient pu porter sur l’impact de l’inflation tarifaire et des difficultés rencontrées par les enseignes du Bâtiment tout au long de la supply chain ou encore sur les négociations commerciales. Mais, ce 13 mai à la Maison de l’Amérique Latine (Paris), c’est sur un sujet tout autant d’actualité que la fédération a souhaité concentrer les débats de son traditionnel événement de printemps.

Après deux ans de crise sanitaire et les changements induits sur le front social, l’intitulé de cette table ronde annuelle était à la hauteur des enjeux : “Attractivité et emploi dans la distribution des matériaux de construction : comment attirer les compétences ?”.

De l’aveu même de Franck Bernigaud, le président de la FDMC, « le big-bang de la réforme Pénicaud de 2018 [voir notre dossier paru dans Zepros Négoce #13, Décembre 2018] a pu susciter des craintes au sein de notre profession de devoir repartir de zéro en matière de formation professionnelle et d’apprentissage. Il n’en a rien été ! Le travail paritaire a porté ses fruits ». En écho, Eymard de Crécy, le secrétaire général du BTP CFA des Pays de la Loire, a rappelé que si « la réforme Pénicaud a facilité les voies de l’apprentissage », encore faut-il que « les négoces s’inscrivent dans le “triangle de l’alternance” en renforçant les liens entre l’apprenti.e, l’entreprise d’accueil et l’organisme de formation ».

« Malgré des débuts un peu compliqués au sein de l’OPCO Constructys, un travail fantastique a été mené pour mettre en œuvre la réforme Pénicaud de 2018. Nous disposons de tout un panel d’outils pour séduire les talents dans nos métiers. »
Franck Bernigaud, président de la FDMC

Attractivité : mode(s) d’emploi

À l’aune de l’Observatoire des métiers du négoce des matériaux de construction dont le secrétariat est assuré par la FDMC, Hervé Dagand (responsable des études et de l’ingénierie chez Constructys) a dressé le tableau d’une profession qui représente plus de 85 000 emplois salariés. Parmi les chiffres qu’il a entre autres fournis : « environ 15 000 recrutements par an, 40 % d’entreprises du négoce de matériaux qui envisagent d’embaucher en cours d’année, 10 % de sociétés confrontées à des problèmes de recrutements ».

Les profils d’entreprise où les pénuries sont les plus prégnantes ? Les PME de moins de 50 salariés et les groupes de plus de 300 collaborateurs. Les métiers où la situation est « la plus critique » ? « D’abord, les magasiniers avec plus de 4 000 recrutements par an (tous secteurs confondus en France) et dont les compétences sont extrêmement recherchées par les logisticiens notamment. Ensuite, les fonctions commerciales – en particulier les ATC. Enfin, les chauffeurs-livreurs très prisés depuis le boum de l’e-commerce, du drive et du click & collect lié à la crise sanitaire, et dont les profils recherchés sont très exigeants – par exemple, savoir conduire et manœuvrer un camion à grue levante », a détaillé Hervé Dagand.

Là où le bât blesse également selon Patricia Caillot qui préside la commission Formation de la FDMC, c’est que « les jeunes ont une méconnaissance totale de nos métiers et de notre secteur. Nous ne sommes pas assez visibles auprès d’eux, mais aussi très mal connus des institutions comme Pôle Emploi, les Missions locales pour l’emploi, les Ésat [établissement et service d’aide par le travail], voire certains organismes de formation qui constituent un vivier où nous pourrions nous faire connaître »

« Notre profession dispose de multiples atouts portés par les valeurs de ses marques-enseignes. Les métiers y sont très variés avec une importante palette de fonctions. S’il s’agit de séduire les jeunes talents, les RH doivent aussi flécher les demandeurs d’emploi et salariés plus âgés en reconversion professionnelle. »
Patricia Caillot, présidente de la commission Formation à la FDMC et responsable RH de Gedimat
 

Expertises métiers... du BTP

C’est d’ailleurs au nom de cette lisibilité et visibilité du secteur que la FNBM s’était rebaptisée FDMC l’an dernier. À cet égard, Eymard de Crécy a largement insisté, entre autres, sur « l’importance pour les forces de vente du négoce de connaître et appréhender mieux encore tous les métiers du BTP ». En lien avec l’antenne régionale de la FDMC et six entreprises des Pays de la Loire dont l’enseigne multirégionale VM, ce CFA a installé un comité de pilotage pour se focaliser sur les expertises métiers.

À la rentrée prochaine, il devrait ainsi accueillir une première promotion de commerciaux de négociants. Également chargée des RH chez Gedex (Gedimat et Gedibois), Patricia Caillot, elle, a tenu à rappeler que « les premiers mois d’un nouveau salarié dans nos entreprises sont primordiaux en faisant un travail sur son accueil et son intégration pour [tenter de] le fidéliser ».

Portrait-robot de l’apprenti en négoce matériaux
 Un homme
de 18 à 21 ans en moyenne
se préparant à une formation post-Bac en commerce ou management
dans une entreprise de plus de 300 salariés
(Source : BTP CFA Pays de la Loire)

Contenu et sens

Pour porter le « message de la diversité des métiers en négoce de matériaux », Laura Puiatti-Taisne, la responsable de l’alternance et des dispositifs cofinancés à la direction du développement chez Constructys, a mis en exergue le partenariat noué avec la FDMC et le ministère de l’Éducation nationale afin de promouvoir les métiers de la profession – notamment via la participation à des salons pour « informer et sensibiliser les jeunes ». En prolongement des fiches métiers diffusés par la FDMC (voir ci-dessous), une plateforme web doit voir le jour afin de « fédérer toutes les ressources en matière d’attractivité de la filière : des visites virtuelles dans les entreprises de négoce, des lives métiers au cours desquels un salarié d'un point de vente parle de son quotidien à un jeune, etc. », annonce-t-elle. 

Représentant le ministère de l’Éducation nationale, Matthieu Merciecca (chef de mission Éducation-Économie campus) a, de son côté, insisté sur les moyens mis en œuvre par le gouvernement. Annoncé en octobre dernier, le plan France 2030 vise « notamment à soutenir l’émergence de talents et accélérer l’adaptation des formations aux besoins de compétences, des nouvelles filières et des métiers d’avenir ». Mi-mars, un comité ministériel de pilotage “Emploi & Formation” a été installé pour préciser les grandes orientations de France 2030 et « proposer dès la rentrée 2022 des offres de formations et de services au profit des apprenants ».

« La profession doit promouvoir encore plus les CQP [certificats de qualification professionnelle] et à la VAE [validation des acquis de l’expérience] pour fidéliser les salariés en leur donnant plus facilement accès à des opportunités de carrière ascendante. »
Matthieu Merciecca, chef de mission Éducation-Économie campus, ministère de l’Éducation nationale
 

Sur une enveloppe globale de 34 Md€, pas moins de 2 Md€ sont consacrés à la formation et à la montée en compétence. « Aujourd’hui, le mot “métier” ne parle plus aux jeunes. Si les négoces ont un rôle important à jouer en matière de soft skills lors du recrutement [en CDI, en CDD et en alternance], il faut aussi parler plus de contenu dans les offres d’emploi, les fiches de postes. Par exemple, la rénovation énergétique et les matériaux biosourcés », a mis en exergue Matthieu Merciecca.

Autre aspect mis en avant : le niveau des salaires à l’embauche et en alternance dans un contexte d’accord déjà négocié sur la majoration des minimas sociaux de la branche. Et là, les niveaux d’exigence des salariés et alternants ont encore évolué à la hausse depuis le début de la crise de Covid-19. Sur les métiers transversaux (logistique, commerce), la concurrence inter-filière reste vive. Sur LinkedIn, Facebook, Instagram, mais aussi  – de plus en plus – sur TikTok, employeurs et DRH du négoce Bâtiment rivalisent d'imagination pour séduire talents et compétences. Qu’ils soient jeunes ou plus expérimentés. « Avec l’objectif de faire vivre les valeurs de l’enseigne, mais aussi de parler entre autres de formation continue ! », résume Patricia Caillot.

Image
FDMC - Fiches Métiers 2022

BON À SAVOIR • Préparation opérationnelle à l’emploi (POE)

Renforcé en 2022, le dispositif s’adresse aux demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi, qu’ils soient allocataires ou non. La POE collectif (POEC) est instaurée dans les branches professionnelles où les besoins en recrutement sont très importants. L’entreprise qui y a recours, peut former plusieurs personnes en recherche d’emploi. Une POE individuel (POEI) cible une personne sélectionnée par Pôle Emploi et un employeur.

Le dispositif de formation préalable à l’embauche permet d’acquérir les compétences indispensables à une prise de poste. Ce type de contrat comprend une période d’essai. La POE finance tout ou partie des frais engagés par l’employeur, qu’il s’agisse d’une formation réalisée en interne ou par un organisme extérieur. L’OPCO peut contribuer au financement de la formation.

• La durée de formation de la POE est de l’ordre de 400 heures, à l’issue de laquelle l’entreprise s’engage à l’intégrer. Son bénéficiaire ne devient pas salarié pour autant de l’entreprise qui l’accueille. En revanche, il dispose d’un contrat de travail avec un statut de stagiaire de la formation professionnelle. Il est aussi couvert par une protection sociale (accidents du travail et maladies professionnelles). Pour mettre fin à une POE, l’employeur doit se renseigner auprès de Pôle Emploi pour connaître les éventuelles modalités à respecter.
 

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire