
« Notre filière reste suspendue aux choix du projet de loi de Finances 2026 »

Conjoncture, marché de la rénovation, problème de lisibilité à propos de MaPrimeRénov’ (MPR), REP Bâtiment… La n°1 de la FDMC décrypte les sujets chauds des douze derniers mois d’actualité dans le secteur du BTP. Une analyse entre espoirs et, parfois, inquiétudes persistantes.
2024 ne laissera pas un souvenir impérissable dans les annales de notre profession avec un niveau d’activité toujours en repli [de l’ordre de -12,8 % selon le cabinet Xerfi : Ndlr]. 2025 reste pour l’instant sur une tendance toujours négative. Or il y a un petit frémissement depuis le début de l’été porté par plusieurs annonces comme l’éco-PTZ et le PTZ réélargis à tous, la baisse de la pression fiscale sur les donations dans l’ancien ou encore la majoration des CEE pour redynamiser les rénovations d’ampleur. Remis fin juin à la ministre du Logement, le rapport parlementaire Daubresse-Cosson propose des mesures-chocs : abattement pour la location nue longue durée, suppression des biens loués de l’assiette de l’impôt sur la fortune immobilière, amortissement pour le neuf comme pour l’ancien [avec des taux respectifs de 5 % et 4 %: Ndlr]… Ces pistes d'évolution pour le projet de loi de Finances 2026 pourraient générer des dizaines de milliers d’emplois dans le Bâtiment sans peser sur les finances publiques. D’autant qu’il y a urgence. La filière n’a jamais vu autant de retraits d'opérations depuis 30 ans et, sans doute, jamais livré aussi peu de logements depuis les années 1950.
« Il y a un petit frémissement depuis le début de l’été 2025 porté par plusieurs annonces comme l’éco-PTZ et le PTZ réélargis à tous. »
Vu le contexte économique, notre profession doit disposer de son propre observatoire pour mesurer l’activité au mois le mois et avoir ainsi un outil complémentaire de pilotage de l’activité à destination de nos adhérents. Le sujet nécessite une réforme statutaire de la FDMC. Mais c’est l’un des dossiers en haut de la pile au sein de notre fédération.
Si la situation devrait encore être tendue dans le Bâtiment, les TP pourraient s’en sortir un peu mieux s’il n’y a pas un gel brutal de l’investissement des collectivités. Ce segment fait d’ailleurs l’objet de plus en plus de concepts bien structurés en négoce pour aller chercher des poches de croissance.
Tout reste en partie conditionné par la fin du gel de MaPrimeRénov’ pour les travaux d’ampleur , au plus tard fin septembre, et la fléchage qui en sera fait. Avec l’AIMCC, la FDMC a pris acte début juin de la fermeture temporaire du dispositif. Nos deux organisations attendent des décisions rapides pour éradiquer les dérives liées à la fraude. Il faut que l’objectif annuel de MPR soit atteint et que son budget global de 3,6 Md€ soit effectivement utilisé pour l’ensemble de l’année. Surtout, la confiance des ménages dans ce dispositif doit être restaurée et le parcours simplifié. L’un des moyens pour y parvenir consiste à renforcer la gouvernance opérationnelle du dispositif en associant les représentants de la filière aux processus de décisions pour éliminer les fraudes au niveau territorial. La FDMC a aussi fait remonter ses craintes auprès du ministère et de l’Anah à propos des MAR dont les missions ne sont pas forcément bien cadrées. L’autre effet collatéral du moratoire concerne la durée de traitement et de suivi par l’Anah des 16 000 dossiers suspectés d’éco-délinquance. À la rentrée, le risque est grand d’assister à un goulot d’étranglement. Entre le 23 juin dernier et mi-septembre, l’Anah aura-t-elle pu gérer tous ces dossiers (soit environ 10 % de l’ensemble des demandes MPR sur le parcours accompagné) dans les temps ? Nos adhérents nous font régulièrement remonter leurs craintes et questionnements.
« L’un des effets collatéraux liés au moratoire relatif à MaPrime Rénov' concerne la durée de traitement et de suivi par l’Anah des 16 000 dossiers suspectés d’éco-délinquance. À la rentrée, le risque est grand d’assister à un goulot d’étranglement. »
Ce sujet perdure depuis au moins deux ans. Certains négoces attendent des mois, voire plus pour être remboursés. Ce qui peut mettre potentiellement mettre en péril les trésoreries déjà assez tendues. Nous espérons que la gestion des dossiers par l’Anah va s’accélérer dans les prochains mois. Plus globalement, il faut que l’État reconnaisse le rôle pivot et incontournable du négoce dans l’accompagnement du marché de la transition énergétique. Notre profession a aujourd’hui une réelle mission de conseil.
Notre REP a été la plus complexe à mettre en œuvre, et celle aussi qui s’est le plus vite déployée. Nos négoces représentent plus de 2 300 points de collecte, soit 95 % de la collecte. Nous continuons à militer pour une distance de 20 km entre chaque site et un seuil d’éligibilité à 10 000 m², et non 4 000 m². Il faut que notre filière bénéficie d’une écocontribution visible en tant que telle au même titre que les D3E [déchets d’équipements électriques et électroniques : Ndlr] et l’ameublement. Nos adhérents commencent à être perdus sur ce dossier.
Des avancées sur le plan social
• Minimas sociaux. Jugé une fois encore « très positif », l’accord a été signé avec les syndicats le 21 janvier 2025 a été étendu en juillet.
• Représentativité. Le dossier relatif à la convention collective de branche – « la plus complète et la mieux formalisée du négoce Bâtiment » – attend son arrêté d’application au cours de l’automne 2025.
• Prévoyance obligatoire. L’accord noué en 2023 avec Prodigéo Assurances (filiale de ProBTP) permet aux salariés de bénéficier de garanties communes minimales et d’optimiser la couverture prévoyance (incapacité, invalidité, décès). « Cette offre labellisée par la FDMC témoigne de l’engagement de la profession autour de l’attractivité et la solidarité », estime Marie Arnout.
• OPCO. La FDMC a resouscrit pour quatre ans avec Constructys.
• En cours. L’accord interprofessionnel sur l’emploi des seniors et la négociation sur la classification des métiers.
• La FDMC prolonge sa convention de coopération avec l’Éducation nationale jusqu’en 2029.
La FDMC en bref
• Plus de 21 Md€ HT de CA en 2024.
• 4 352 entreprises adhérentes (±90 % de la profession).
• 86 000 salariés.
(Source : FDMC)
Sur le même sujet





