Pour la FDMC, « la construction doit redevenir une grande cause nationale »

, mis à jour le 20/11/2025 à 20h13
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Serge Papin, ministre des PME, de l'Artisanat et du Tourisme - Gouvernement Lecornu 2.

À l’occasion de ses 90 ans célébrés ce 19 novembre à Paris, la FDMC (Fédération des distributeurs de matériaux de construction) a reçu la visite officielle de Serge Papin – le ministre des PME, du Commerce et de l’Artisanat – pour évoquer les défis de la filière. Tandis que la profession entrevoit des avancées positives à propos de la REP PMCB.

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« Quatre-vingt-dix ans d’unité » ! À quatre jours près, la FDMC a fêté ses 90 ans au Pavillon Dauphine à Paris lors de son traditionnel déjeuner-débat. « Un anniversaire qui est aussi et même avant tout une opportunité pour poser un jalon dans un temps qui file sans cesse. […] Plusieurs étapes de modernisation, plusieurs révolutions technologiques ou industrielles, de nombreuses évolutions sociales ont marqué la vie de notre métier », a tenu à souligne Marie Arnout, la présidente de la FDMC depuis 2023 et réélue à l’unanimité pour un second mandat courant jusqu’à fin 2028.

Pour l’occasion, parmi les 300 invités, trois anciens présidents de la fédération étaient présents : Jacques Marinier, Géraud Spire et Franck Bernigaud. Un anniversaire marqué aussi par la venue officielle du ministre des PME et du Commerce, Serge Papin.

Le ministre connaît bien l’univers de la distribution pour avoir dirigé la coopérative Système U de 2005 à 2018. « Avec 14 000 points de vente partout en France, vous êtes un véritable réseau d’aménagement du territoire, présent là où vivent, construisent et investissent nos concitoyens ».

Serge Papin en a profité pour partager sa vision et son analyse des défis de la profession parmi lesquels la « présence [du négoce] en centre-ville reste un enjeu ». Un rapport sur l’avenir du commerce de proximité dans les centres-villes lui a été remis début novembre.

« Vos entreprises ne sont pas de simples points de vente. Elles sont des lieux de passage, des lieux de confiance […]. Vous créez de l’emploi, soutenez l’économie locale, préservez des savoir-faire et contribuez à faire vivre nos zones rurales. »
Serge Papin, ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’Achat

Et de souligner que « nous devons consolider votre ancrage territorial » : « une piste de travail que nous prenons au sérieux ». D’autant que « la revitalisation des centres-villes est un impératif ! ». Sur les neuf mesures du rapport « directement applicables », Serge Papin a « décidé de reprendre immédiatement ».

À commencer par le développement de foncières de redynamisation au nombre d’environ quatre-vingt-dix actuellement. La Banque des territoires a déjà débloqué une enveloppe de 150 M€ à ce sujet. Ensuite, il est question de « développer et professionnaliser la présence de managers de centre-ville ». Enfin, la troisième mesure phare consiste à « propager les bonnes pratiques en termes d’IA auprès des commerçants » pour améliorer leur compétitivité.

Quant PLF 2026, le ministre s’est voulu rassurant : « C’est un budget de compromis, mais de nature à rassurer les dirigeants d’entreprise ». Tout comme il s’est voulu rassurant sur « la loi Dutreil qu’il faut sauvegarder » et, sans doute, « créer un “Dutreil salariés” pour reprendre une entreprise, car il y a un vraie enjeu de succession dans les TPE ».

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Marie Arnout, présidente de la FDMC réélue jusqu'à fin 2028.

« Même s’il y a des signes d’éclaircies, le ciel est toujours aussi bas pour notre filière constructive. »
Marie Arnout, présidente de la FDMC réélue

Conjoncture : la perplexité malgré « des signes d’éclaircies »

Cet anniversaire a aussi été l’occasion de mettre en avant le travail réalisé par les quatre commissions (RSE, formation, social et économie) de la FDMC. « Ce sont là autant de laboratoires d’idées qui nous permet de travailler sur tous les sujets », a rappelé Marie Arnout.

Dans la foulée, sur le thème de “L’avenir est un long passé”, deux jeunes dirigeants ont témoigné : Thibault Dumas, la 4e génération au sein du négoce indépendant « ultra-généraliste » Sauvignet-Dumas (membre de France Matériaux) et dont il est l’actuel directeur commercial ; Rémi Dusart représentant la 6e génération de l’entreprise familiale Thomas Sograma Matériaux (adhérent Tout Faire). Ce dernier a d’ailleurs insisté sur l’apport de l’IA, notamment pour optimiser les postes de coûts tels que la réduction des stocks dormants.

Lors de son discours de clôture, Marie Arnout – la 13e présidente de la FDMC depuis 1935 – a appelé la filière à « garder le cap », tout en soulignant que « même s’il y a des signes d’éclaircies, le ciel est toujours aussi bas pour notre filière constructive ».

Elle est ainsi revenue sur certains chiffres du marché de la construction : des réservations de logements neufs à plus de -20 % au 3e trimestre 2025 ; des mises en vente à -5,4 %. « Les mises en vente de logements neufs s’effondrent dans plusieurs villes. À titre d’exemple, à Besançon, Royan ou Évreux pas un seul logement neuf n’a été mis en vente au cours du premier semestre 2025 », s’est-elle inquiétée.

Autres chiffres qui laissent l’ensemble de la filière perplexe : « Avec un peu plus de 370 000 logements autorisés au cours des douze derniers mois, on atteint une baisse de 11,9 % par rapport aux cinq années précédentes ! ». Quant à l’activité dans les TP et à trois mois et demi des élections municipales, « les prévisions pour 2026 font état d’un recul de -3,2 % en volume et de -1 % pour cette année ».

« Le nombre de jour de travail à venir [des artisans], d’après les carnets de commandes, progresse pour la première fois depuis 2022. Même si ce signe d’amélioration n’englobe pas toute les entreprises. »
Marie Arnout

Alors que de nombreux négociants musclent depuis quelque temps leurs concepts TP, la présidente de la FDMC voit des lueurs d’espoir : « Les besoins d’infrastructures restent très importants dans les transports, l’eau ou l’énergie. S’il faut moins compter sur l’État ou les collectivités, il y a dans les projets d’investisseurs privés des perspectives porteuses de respiration ».

C’est surtout sur le marché de l’ancien que résident « des signes d’éclaircies ». Les transactions redémarre doucement, et « les prix progressent légèrement avec une hausse moyenne de 2 % sur l’ensemble du territoire ». En outre, le segment de l’individuel fait « son grand retour ». Si l’amélioration demeure « fragile », elle semble « vouloir perdurer », estime néanmoins Marie Arnout.

Autres sujets de “satisfaction” ? Le fonds dédié à la transition écologique. La Caisse des dépôts a d’ores et déjà annoncé avoir mobilisé 40 Md€ sur les 100 Md€ annoncés pour 2028. « Et cet objectif pourrait être dépassé de 30 % fin 2028 », escompte la présidente de la fédération.

Enfin, si l’activité des artisans a encore reculé de 4,8 % sur un an, les carnets de commandes repartent à la hausse pour la première fois depuis 2022. Enfin, la récente adoption du statut de bailleur privé par les députés est perçue comme un signal qui pourrait « redonner des couleurs au marché ». Ce 19 novembre, au Salon des maires, Vincent Jeanbrun, ministre de la Ville et du Logement, a d’ailleurs indiqué aux élus locaux que le gouvernement allait « relancer la construction et la rénovation »

Un fonds pour la construction et la rénovation ?

Reste que la filière est toujours perplexe sur le front des aides d’État. Tout en appelant à « la stabilité et la cohérence » des politiques publiques, Marie Arnout n’a pas hésité à pointer le « tour de passe-passe » du gouvernement quant au transfert d’une partie du financement de MaPrimeRénov’ (MPR) sur les CEE. À cet égard, la FDMC juge « primordial de réintégrer une enveloppe dédiée à l’isolation » ; l’ITE et l’ITI ayant été exclues du dispositif MPR.

En revanche, le ciel semble aussi s’éclaircir à propos de la REP PMCB. Alors que les positions de la fédération restent inchangées (seuil de 10 000 m2 et rayon de 20 km entre chaque point de collecte) depuis son entrée en vigueur en 2023, Marie Arnout espère entrevoir enfin des réponses concrètes et des avancées. Au cours de l’été, le ministère de la Transition écologique avait « reconnu cet été que la gratuité de la reprise n’était pas viable ». Aujourd’hui, « le ministre veut régler le sujet de la REP PMCB pour janvier 2026 », espère bien Marie Arnout.

En conclusion de son discours de clôture, elle a fait une suggestion dans un contexte de baisse des dépenses publiques : « Pourquoi ne pas mettre en place, comme cela a été fait avec la BPI dans le domaine de l’armement [le Fonds Bpifrance Défense a été le 14 octobre 2025 auprès des particuliers pour investir dans des entreprises non cotées du secteur de la défense et de la souveraineté technologique avec une taille cible de 450 M€ pour une durée de dix ans : Ndlr], un fonds dédié à la construction et à la rénovation permettant à chaque citoyen d’investir dans les entreprises du Bâtiment, dans les entreprises de l’industrie et de la distribution du secteur ». Manière aussi de rappeler que « la construction doit redevenir une grande cause nationale ».

Fort de 30 ans d'expérience en presse BtoB et BtoC, Stéphane est rédacteur en chef de Zepros Négoce et Zepros Safety, passionné par les enjeux liés aux transitions environnementales et digitales dans le BTP.
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