, mis à jour le 11/09/2025 à 06h42

« La FFQ a élargi son périmètre d’action »

Gérard Néton
président de la
Fédération française de la quincaillerie (FFQ)
Image
Gérard Néton, président de la FFQ (Fédération française de la quincaillerie)

Le président de la Fédération française de la quincaillerie (FFQ, membre de la CGF) dresse le bilan du secteur sur les derniers mois, pointant du doigt l’instabilité autour de MaPrimeRénov’. Il affirme également sa volonté de se rapprocher des autres fédérations, afin d’instaurer une dynamique de partage, bénéfique pour tous.

Partager sur
Vous avez décidé de faire évoluer l’organisation de la Fédération…
Gérard Néton

Il y a un an, Jean-François Bianchi avait succédé à Valérie Lachenal, [lire aussi notre article : Ndlr] qui venait d’achever deux mandats consécutifs à la présidence. Il a démissionné pour des raisons personnelles en février dernier, et j’ai pris le relais en mars. Je compte aller au terme des deux années restantes de ce mandat. J’ai proposé mes services car je connais bien les rouages de la profession, ainsi que les structures internes de la Fédération. Elle est basée à Lyon, moi près de Grenoble, ce qui reste pratique en termes de proximité. Le cœur de métier historique de la FFQ repose sur tout ce qui touche à la convention collective – accords de branche, formation… – mais aussi sur l’accompagnement de nos adhérents en matière de droit du travail. C’est pourquoi notre équipe interne est principalement organisée autour du pôle juridique. Mais nous avons souhaité élargir notre périmètre d’action, car de nombreux autres sujets viennent actuellement impacter la filière. C’est dans ce contexte que nous avons décidé de créer un poste de délégué général, afin également d’épauler le Bureau dans la gestion des affaires publiques, particulièrement complexes aujourd’hui du fait de la densité réglementaire et des enjeux politiques. Depuis septembre, Sylvain Massardier nous accompagne dans ce rôle. Il met à notre service ses vingt années d’expérience passées au sein de la Fédération des professionnels de l’automobile.

Comment s’est comporté le secteur de la quincaillerie ces derniers mois ?
Gérard Néton

Nous publions chaque trimestre un baromètre conjoncturel, fondé sur les données collectées auprès de nos adhérents par le cabinet Xerfi. Ces données, fiables et transversales à l’ensemble des secteurs d’activité, nous permettent d’avoir une vision assez précise. Globalement, nos marchés ont connu une contraction en 2024 : -3,8 % par rapport à 2023. La famille plomberie-sanitaire-génie climatique a été la plus touchée, en recul de 9,4 %, car directement liée aux difficultés que traverse le bâtiment. Sur l’ensemble des activités liées au bâtiment, nous enregistrons une baisse de 4,1 %. Le Quofi s’en est sortie le mieux, avec un repli limité à -0,7 %. Le premier trimestre 2025 montre une légère amélioration, à -2,7 % au global, mais sans signal clair de reprise. Pour le moment, nos entreprises adhérentes font face, mais les incertitudes politiques et géopolitiques pèsent lourdement sur la visibilité.

« À propos de la REP PMCB, les pouvoirs publics doivent impérativement revoir leur copie. »

Vous pointez les politiques. Comment faites-vous passer vos messages ?
Gérard Néton

L’instabilité autour de MaPrimeRénov’ a été particulièrement préjudiciable. Le message envoyé aux particuliers souhaitant rénover leur logement est négatif : cela crée de l’anxiété inutile. Depuis plusieurs mois, nous sommes confrontés à des décisions politiques incohérentes, à un manque de cap. Ce manque de lisibilité nous inquiète : sur quelles bases peut-on s’appuyer pour construire l’avenir ? Nous ne portons pas seuls ces combats. Nous agissons collectivement, aux côtés de la FFB et de la Capeb (qui regroupent une partie de nos clients) ainsi que de seize autres organisations professionnelles. Ensemble, nous avons rédigé un manifeste, que nous avons transmis aux ministères concernés : Logement et Économie. Pour vous donner un exemple : nous avions rendez-vous avec eux le 6 juin… mais le 3, le gouvernement annonçait brutalement la suspension de MaPrimeRénov’. Certes, nous avons pu obtenir le maintien du dispositif en monogeste. Il faut maintenant stabiliser le système. Sans cela, les objectifs de décarbonation dans le bâtiment ne seront pas atteints, et les investissements consentis par les professionnels risquent de rester sans effet.

Autre dossier majeur : celui des filières REP...
Gérard Néton

La responsabilité élargie du producteur dans le secteur des produits et matériaux de construction (REP PMCB) pose de sérieuses difficultés, en particulier sur le plan de la soutenabilité économique. Les pouvoirs publics ont compris qu’ils doivent impérativement revoir leur copie. Même si les produits concernés ne constituent pas le cœur d’activité pour tous nos adhérents, les impacts sont tels qu’il nous faut nous mobiliser. C’est pourquoi nous avons rejoint un collectif plus large, regroupant des représentants de la distribution, des entreprises de collecte, des industriels, des artisans… Nous tâchons d’être force de propositions sur ce que devrait être une réforme cohérente : où doivent prioritairement aller les financements issus de l’écocontribution ? Faut-il faire payer certains services ? Rendre l’écocontribution visible ? Ce sont des questions cruciales que nous nous efforçons de traiter collectivement. D’autant qu’une nouvelle REP se profile, cette fois sur les emballages professionnels. Et là, près de 100 % de nos adhérents y seront confrontés. Dans tous les cas, les charges doivent rester raisonnables et soutenables.

Qu’en est-il de vos actions en matière de RSE ?
Gérard Néton

Nous investiguons ce terrain pas à pas. La Confédération des grossistes de France (CGF) nous accompagne efficacement – ils ont les ressources pour cela. Avec leur appui, nous avons pu proposer des formations, notamment à destination des plus petites structures, qui ont la volonté de s’intéresser au sujet mais ne savent souvent pas par où commencer. Aujourd’hui, beaucoup mettent en place les moyens nécessaires. Nous traitons les sujets un à un : par exemple, celui du transport. Nous avons organisé deux webinaires : l’un pour les entreprises qui possèdent leur propre flotte, l’autre pour celles qui recourent à des prestataires.

« Nous allons effectivement faire intervenir un expert en cybersécurité lors de notre prochaine assemblée générale. »

Avez-vous une démarche comparable en matière de digitalisation ?
Gérard Néton

Nous allons effectivement faire intervenir un expert en cybersécurité lors de notre prochaine assemblée générale. Car la question n’est plus de savoir ‘si’ nos adhérents seront visés par des attaques, mais ‘quand’. Nous avons déjà recensé trois cas concrets sur les 6 derniers mois. L’une des entreprises concernées a dû ressortir ses bons de commande à la main, le temps de se remettre sur pied… 

On sent une volonté d’ouverture et de partenariats…
Gérard Néton

Absolument. Nous cherchons à tisser davantage de liens avec les autres fédérations. C’est une dynamique importante pour mieux connaître notre écosystème.

Nous avons notamment amorcé un renforcement de nos échanges avec les autres fédérations de distributeurs, mais aussi les syndicats de fabricants comme le Secimpac, Inoha ou l’Uniq ; ou encore nos homologues allemands. Ces échanges sont essentiels. Cette ouverture concerne également l’interne : nous comptons créer un « club des jeunes dirigeants », afin de favoriser les échanges, les partages d’expérience et les dynamiques collectives entre pairs qui, d’évidence, auront à nous succéder.

La branche des commerces de Quincaillerie en chiffres

  • 3 400 entreprises de distribution dont 2 700 employeurs.
  • 12 Md€ HT de chiffre d’affaires cumulée n 2024.
  • Environ 4 900 agences et showrooms.
  • 32 800 salariés.
    (Source : FFQ)
Rédacteur en chef de Zepros Énergie et Zepros Réno, expert de la transition énergétique dans le bâtiment.
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire