[Marketplace] Avec Kloovis, les six membres d’Altéral font la chasse au gaspi

Stéphane Vigliandi
Image
Kloovis - Captures d'écran

Plus d’un an après leurs premières ébauches, Nicolas Comont et Mickaël Samama ont lancé officiellement Kloovis début mai : une nouvelle place de marché dédiée à la vente de matériaux et d’outillage de seconde main, ainsi qu’aux stocks dormants des artisans et distributeurs. D’abord soutenu par le languedocien Union Matériaux, leur projet est dorénavant également porté par les six autres enseignes du Club Altéral. Ambition affichée ? S’appuyer sur un réseau de 500 agences partenaires d’ici à la fin de l’année contre un peu moins de 200 actuellement.

Partager sur

Après des mois à faire tourner les algorithmes, à affiner le business-model, à peaufiner l’ergonomie de la plateforme, la direction de Kloovis a donné le “go” le 2 mai dernier. « Plus de 8 000 sessions, plus de 1 700 produits référencés, plus de 70 inscriptions et en moyenne 150 visiteurs par jour… » La marketplace Kloovis n’a, a priori, pas à rougir en égrenant les chiffres de son premier mois d’activité. Ses deux cofondateurs, Nicolas Comont (ingénieur du bâtiment) et Mickaël Samama (informaticien et UX designer) ont d’ailleurs l’ambition chevillée au corps.

Installés à Montpellier, dans l’Hérault, les deux jeunes dirigeants annoncent d’emblée la couleur : « Devenir la première place de marché de seconde main pour la construction et le bricolage en privilégiant l’économie circulaire plutôt que la mise en benne ». Avec la volonté d’…« aérer le monde du BTP » ! Quitte à casser les codes du marché comme le suggère l’un des slogans de la plateforme qui s’affiche depuis mi-avril sur les réseaux sociaux : “Donner c’est donner, recycler c’est Kloovis”.

Kloovis est déjà référencé par les six adhérents Altéral et leurs sept enseignes : Bataille Matériaux, Chavigny Distribution, Chrétien Matériaux, Costamagna, Pillaud Matériaux, Tanguy Matériaux et Union Matériaux.

Image
Kloovis - Couverture territoriale

TPE-PME et RSE

« Nous nous sommes inspirés des modèles développés par Vinted, Airbnb ou encore Le Bon Coin. En tant qu’artisan plaquiste, je n’avais pas forcément l’espace disponible pour entreposer mes surplus de stock de chantiers. J’en ai parlé à mon négociant Alexandre Vachet [le PDG d’Union Matériaux basé à Montpellier] qui a très vite été convaincu par le projet », confie Nicolas Comont, le PDG de Kloovis.

« Au-delà de la mise en place de la REP PMCB, la législation incite de plus en plus la filière du Bâtiment a adopté une démarche de frugalité, a favorisé le réemploi, le recyclage et la valorisation des déchets, rappelle d’ailleurs Alexandre Vachet, membre du Club Altéral. En vendant ses fins de stock de chantier, l’artisan supprime les dépenses liées au traitement et au transport des déchets. C’est la philosophie de Kloovis qui m’a séduit : proposer aux TPE et PME une solution clé en main pour les aider à répondre à leurs nouvelles exigences environnementales, tout en intégrant une dimension RSE. »

Pour Nicolas Comont, « Alexandre a été moteur dans ce projet en mobilisant ses confrères d’Altéral. Ils nous ont rejoints aux côtés de deux autres partenaires régionaux : l’agence A+ Architecture et le promoteur immobilier Aéko. Maîtrise d’œuvre et d’ouvrage, artisans, architectes et distributeurs : toute la chaîne de valeur se retrouve réunie dans le capital de Kloovis » (500 k€ de capital social).

« Nous voulons devenir le “Vinted du Bâtiment” pour les artisans et les bricoleurs dans une logique de circuit court. »
Nicolas Comont, cofondateur et PDG de Kloovis

Cross-selling et stocks dormants optimisés

Entrevous en béton, sacs de ciment ou de chaux, tuiles faîtières, lamellé-collé, chevron, carrelage, peinture, kits de lavabo mural, conduits de fumée, fenêtres, blocs portes, grilles de balcon… : la plateforme propose d’ores et déjà un assortiment plutôt large. Ces produits sont tous issus de surplus de fin de chantier, de fins de séries ou fins de palettes chez les distributeurs. « Dans une logique de circuit court, Kloovis n’assure pas la livraison. Nous restons un intermédiaire qui met en relation des professionnels, mais aussi des particuliers pour les aider à repérer des offres à proximité », tient à préciser Nicolas Comont.

Le vendeur met gratuitement l’annonce en ligne (photo et descriptif du produit, quantités et prix). Pour optimiser son offre, il dispose d’un centre d’aide. La FAQ fournit notamment des indications pour fixer le prix de vente selon l’état du produit : 60 % à 80 % du prix de vente pour un article neuf, 40 % à 60 % pour un article en très bon état, 20 % à 40 % pour un produit jugé « en bon état et satisfaisant ».

La plateforme, elle, se rémunère via « une commission de 15 % versée par l’acheteur à laquelle s’ajoute un montant de 0,75 € par transaction pour le moment », précise Mickaël Samama. Et pour éviter tout litige, le client doit effectuer un contrôle visuel avant le retrait de sa commande – une fois fixé, le prix de vente n’est plus négociable.

Mais Kloovis aurait aussi d’autres vertus. « Chez Union Matériaux, nous avons réalisé la toute première vente auprès d’une entreprise de gros œuvre de l’Hérault qui en a profité pour… ouvrir un compte dans notre enseigne, confie Alexandre Vachet. Pour moi comme pour mes confrères d’Altéral, l’intérêt de cette marketplace est aussi de pouvoir créer du trafic supplémentaire dans nos points de vente, gérer plus facilement les stocks dormants, mais aussi faire du cross-selling. »

Image
Kloovis - Smartphones
Image
Home page Kloovis
Image
Kloovis - Fiche produits
Image
Kloovis - Fiche produits
Image
Kloovis - Fiche produits
Image
Kloovis - Fiche produits
Image
Kloovis PLV Négoce
Image
Kloovis - Affichage urbain

Nouvelles fonctionnalités et appli d’ici fin 2022

D’ailleurs les sept enseignes d’Altéral bénéficient de tout un arsenal pour promouvoir la place de marché : bornes d’accueil, banderoles, PLV, totems, relais de communication sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn) et, désormais, de l’affichage sur les abris-bus. « Sur les chantiers à volume, un chapiteau sécurisé et balisé Kloovis pourrait être installé pour stocker momentanément les surplus de matériaux et matériels mis à la vente », envisage également le PDG de Kloovis. « Dans un contexte de pénuries sur certains matériaux et d’inflation tarifaire, l’offre de seconde main peut être une solution de secours pour l’artisan ou le particulier », argumente-t-il.

Au cours du quatrième trimestre 2022, la marketplace devrait disposer de son appli. Elle s’enrichira aussi de nouvelles fonctionnalités comme la notation des vendeurs et un curseur visuel pour mentionner l’état de qualité des marchandises à vendre. Si l’accès à Kloovis reste gratuit pour les artisans et particuliers, une offre d’abonnement sera « prochainement » proposée aux distributeurs (négoce et GSB).

Tout en bénéficiant déjà d’une couverture géographique avec les 187 points de vente que comptent aujourd’hui les membres du Club Altéral, les dirigeants de la marketplace disent se lancer dans « une démarche active pour recruter de nouveaux distributeurs généralistes et spécialisés ». D’ores et déjà, au moins quatre enseignes généralistes (deux intégrées et deux indépendantes) seraient en lice pour rejoindre la plateforme.

Dans le viseur de Nicolas Comont et Mickaël Samama ? « Être en mesure de couvrir rapidement le territoire dans un rayon de 30 km autour de chaque acheteur potentiel. D’ici à la fin 2022, nous visons un réseau d’environ 500 points de vente partenaires, pas moins de 1 000 artisans utilisateurs et 5 000 particuliers », prévoit le PDG. Avec un argument, a priori, militant et de poids : vendre le même produit que sa version neuve, mais… pas avec le même impact environnemental.

Une communication très, (très) décalée !
Lancée mi-avril sur les réseaux sociaux, la campagne de communication virale qu’a imaginée l’agence parisienne Jeff pour mettre en avant Kloovis, adopte volontairement « un ton très décalé ».
En adoptant le claim “Kloovis, arrêtez de bricoler avec le bricolage”, Nicolas Comont estime que « l’intérêt du client particulier à projet sera sans doute l’une des clés pour asseoir le succès de notre place de marché ».
Vidéo #1
Vidéo #2
Vidéo #3

Réemploi & Marketplace • D’autres acteurs sur le terrain

Articonnex Créé fin 2018 à Nantes et disposant maintenant de deux entrepôts

• Backacia (ex-Batiphoenix) Créé en août 2017, mis en liquidation judiciaire le 24/03/2022

• Cycle Up (filiale d’Egis et d’Icade) Créé en mars 2018, levée de fonds de 4 M€ réalisée fin mars 2022 avec l’ouverture du capital à Acorus, la Banque des territoires et SMA-BTP.

• ReFair → Démarche lancée en 2019 dans la métropole bordelaise

• MatérioPro → Créé en avril 2017

• Minéka → Association créée à Villeurbanne (69) en 2016 qui dispose d’un entrepôt (MineStock) et revend « à prix solidaires »

• Recyclo’Bat → Association fondée à Toulouse en 2013

• Re.Source → Collectif rhônalpin pour accompagner les entreprises du BTP dans le réemploi

StockPro Créé en 2019

FOCUS • Automobile : un temps d’avance ?

Juste derrière le logement, mais devant l’alimentation, le budget voiture est généralement le deuxième poste de dépenses des ménages français. Si la filière automobile est, elle aussi, soumise à des obligations en matière d’économie circulaire, un décret de 2017 a notamment bousculé la profession des réparateurs et carrossiers. Dans le cadre de leurs devis et prestations de carrosserie, ces derniers doivent proposer des pièces d’occasion dites “pièces issues de l’économie circulaire” (PIEC).
En 2017, l’association SRA (Sécurité & Réparation Automobiles) a mis en place un baromètre pour évaluer le taux d’utilisation des PIEC sur le marché hexagonal. À l’époque, la SRA pointait un taux d’utilisation des PIEC de seulement 2,7 %. Dans son baromètre du premier trimestre 2022, le réemploi a représenté 3,8 % de l’ensemble des pièces utilisées par les professionnels de la réparation contre 3,6 % l’an dernier.

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire