[ATLAS UE] Allemagne : le BTP toujours en crise

L'Allemagne possède le plus grand nombre d’habitants au sein de l’union européenne avec 84,6 millions d’habitants en 2023. Son PIB la positionne désormais comme la troisième puissance économique mondiale derrière les États-Unis et la Chine.

Mais le pays n’a pas échappé aux difficultés économiques : inflation plus élevée que chez ses voisins, pouvoir d’achat en baisse, entraînant une baisse de la consommation privée. Dans une note de la Direction générale du Trésor, est également cité « le fort ralentissement observé dans le secteur de la construction ».

Et effectivement, nos voisins d’outre-rhin semblent traverser une crise du secteur du Bâtiment, avec là aussi des chiffres déprimants pour les chantiers de construction de logements neufs. Selon l’institut d’étude statistique allemand IFO, qui a mené une enquête d’opinion, 49,9 % des entreprises interrogées en octobre enregistraient des niveaux commandes en recul sur ce segment. 

Les perspectives pour les mois à venir restent pessimistes. Les annulations de commandes ont légèrement augmenté, passant de 11,2 % à 11,8 %. « Les entreprises de construction de logements sont toujours confrontées à des taux d’intérêt élevés, à un manque de commandes et à des annulations », explique Klaus Wohlrabe, responsable des enquêtes de l’IFO. Il est donc difficile de maintenir les capacités et le personnel dont nous aurons besoin lorsque la reprise sera à nouveau possible ».

Pour l'institut DIW, 2024 se soldera par la construction de 5 000 logements de moins, soit un total de 265 000. La Bundesbank est, elle aussi, peu optimiste pour les mois à venir puisqu’elle prévoit que « les investissements dans la construction de logements n'atteindront le creux de la vague qu'au début de 2025 ».

Tous segments confondus, le marché de la construction devrait finalement reculer de 4 % cette année selon une étude récemment publiée par la Fédération allemande de l'industrie de la construction (HDB).

Pour faire face à cette crise, on assiste, comme en France, à une réorientation de certains professionnels vers le marché de l’ancien et la rénovation énergétique. Mais parallèlement, et comme en France également, la Fédération allemande de l’industrie du Bâtiment plaide pour un allégement de la réglementation et la simplification des procédures administratives.

Car du côté du marché de la rénovation énergétique, là encore, les ambitions ne sont pas à la hauteur des objectifs, avec un taux de rénovation à 0,7 %. Pourtant les défis sont immenses, notamment sur la décarbonation de l’énergie : plus des trois quarts des besoins de chauffage proviennent de combustibles fossiles, selon l’Agence allemande de l’énergie (Deutsche Energie-Agentur/Dena).

Chez nos voisins allemands, comme en France, l’un des problèmes soulevés par les spécialistes résulte du manque de compréhension et de lisibilité des politiques publiques. Avec des revirements sur les dispositifs, et des communications qui ont créé le trouble chez les particuliers.