[ATLAS UE] L’Espagne boosté aux EnR, le Portugal plutôt épargné par la crise

Comment se porte le marché en Espagne, dix ans après le plus fort de la crise du marché résidentiel qui l’a lourdement frappée à partir de 2008 ? Le pays a clairement réussi à redresser la barre puisqu’en en 2022 les 720 000 ventes de logements résidentiels se sont rapprochées du niveau atteint lors de la très belle année 2007.

Rappelons qu’au plus bas de la crise, le chiffre était de 306 000 ventes. Toutefois derrière cette reprise du marché immobilier, tiré par l’attraction touristique du pays, la filière du Bâtiment est en bonne forme. Si les niveaux sont insuffisants, la croissance semble être là, du moins sur le collectif.

Ainsi pour les premiers mois de 2024, le marché des permis de construire se situent à 91 666 permis délivrés, soit une augmentation de 2,6 % par rapport à la même période de 2023. Parmi ces permis, 71 530 concernent des immeubles collectifs (+5,3 %), tandis que 20 098 sont pour des logements individuels, en baisse de 6,8 %. Selon les indications du ministère espagnol (Mitma), les prévisions pour l’année entière indiquent une stabilisation autour de 100 000 unités.

L’Espagne, comme la plupart de ses voisins, est donc confronté à une pénurie d’offres de logements qui ne suit pas l’évolution socio-démographique des foyers. D’autant que, comme on le sait, le marché de la location est difficilement accessible. Ainsi en 2023, l'offre de locations longue durée a diminué de 15 %, contre une augmentation annuelle de 56 % des locations temporaires.

Au total, les locations temporaires représentent 11 % du marché locatif espagnol (340 000 biens enregistrés) et le prix de la location d'un bien immobilier a augmenté de 10,1 % en moyenne.

Sur le terrain de la transition environnementale, l’Espagne poursuit ses investissements sur la décarbonation de l’énergie. Entre janvier et septembre 2024, les énergies renouvelables (EnR) ont représenté 57,4% du mix électrique espagnol, soit une progression de 6,8% par rapport à la même période en 2023 (source : Direction générale du Trésor espagnol).

Des chiffres exemplaires. En revanche du côté de la rénovation des logements, il reste beaucoup à entreprendre. Environ 31 000 logements seulement ont été rénovés au premier trimestre 2024.

Ce rythme ne permettra pourtant pas d’atteindre les 410 000 logements requis d’ici à 2026, et surtout les 1,37 million de logements d'ici à 2030. Si plusieurs dispositifs d’accompagnement financiers soutiennent les projets des particuliers, le marché semble souffrir des mêmes symptômes qu’en France.

Les récentes prises de parole d’Andimac, la fédération du négoce matériaux espagnole tentent d’alerter les pouvoirs publics sur le manque d’offre de logements et sur le retard pris dans les objectifs de rénovation en parlant même de « drame social ». 

Les indicateurs disponibles semblent aller dans le bon sens chez le voisin portugais, avec une augmentation des permis de construire de 3%. Une ombre au tableau : les retards dans l’octroi de ces permis, que les récentes réformes législatives ont réduit, mais qui restent un défi pour les promoteurs.

Parallèlement, les mises en chantier montrent des signes de stabilisation après une période de ralentissement, en partie grâce à l'accélération des projets soutenus par des fonds européens et des initiatives gouvernementales.
Les acteurs du secteur ne sont toutefois pas euphoriques et la prudence reste de mise.

Face aux contraintes liées à la hausse des coûts des matériaux et à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, qui freinent le développement de nouveaux projets. 

En 2023, environ 200 000 rénovations ont été réalisées au Portugal dans le cadre des programmes de soutien public, notamment grâce à des subventions pour l'isolation thermique, le remplacement de fenêtres et l'installation de panneaux solaires. En 2024, cette dynamique se poursuit, soutenue par des fonds européens et nationaux.

Le pays s’est donné pour objectif la rénovation énergétique de 1,4 million de logements d'ici à 2030, pour que ces derniers atteignent au moins la classe énergétique "C" ou plus. Pour accélérer ces efforts, plusieurs dispositifs d'aide financière ont été mis en place.

Parmi ceux-ci : le remboursement jusqu'à 85 % pour des travaux tels que l'installation de fenêtres classe A+, l'isolation thermique des murs et toits, et l'installation de panneaux solaires ou l'octroi de prêts hypothécaires verts pour faciliter les rénovations.

Selon un rapport de la Commission européenne, le Portugal serait le pays de l'UE qui présente les valeurs les plus faibles en termes d'économies d'énergie dans les bâtiments résidentiels. Si sur la rénovation des logements, le pays n’est pas encore en pointe, en revanche, sur le mix énergétique, comme son voisin espagnol, il ne faiblit pas. Au contraire !

Il a produit au cours des neuf premiers mois de cette année autant d'énergie solaire qu'en 2023. Entre janvier et septembre 2024, les énergies renouvelables ont couvert 73% de la consommation nationale portugaise, dont 10% provenant de la production solaire, selon les données du Réseau Électrique National (REN). La quantité d’énergie solaire a ainsi été équivalente à celle produite durant toute l’année 2023, atteignant un nouveau pic de production dans ce type d’énergie.