[ATLAS UE] En France, enfin une vraie visibilité pour les acteurs du Bâtiment en 2025 ?

Stéphane Vigliandi
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Carte de France.

Des « chiffres calamiteux » à propos des mises en chantier de logements (-36 % en octobre 2024 par rapport à la moyenne d’avant-Covid), « la chute des permis de construire », les défaillances d’entreprises à un « taux historiquement haut », « la baisse de productivité », la crainte du « spectre de la récession »… Si le marché hexagonal du neuf reste toujours sous très haute tension, la rénovation énergétique continue de jouer encore son effet levier.
 

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Élisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et… enfin François Bayrou. Pour la première fois sous la Ve République, quatre Premiers ministres se seront succédés à Matignon en moins d’un an. Il faut remonter à 1913 pour retrouver une telle instabilité politique.

Après la dissolution de l’Assemblée nationale début juin 2024, puis la démission du gouvernement Barnier le 5 décembre, toute la filière du Bâtiment – lassée, voire exaspérée par des mois d’indécision – interpelle le chef de l’État face à un possible risque de paralysie du marché du Bâtiment.

Alors que la France n’a toujours pas de budget voté pour 2025, Olivier Salleron, président de la Fédération française du Bâtiment (FFB), a alerté : « Le point de bascule s’approche violemment pour le logement en France comme pour les artisans et entrepreneurs du Bâtiment. Chaque jour compte, et la FFB en appelle à la responsabilité ».

Les principaux chiffres 2024 du marché français du BTP

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Statistiques du marché français du BTP.

Mesures « de bon sens »

Même mot d’ordre à la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du Bâtiment (Capeb) : « Nous prenons nos responsabilités. Et vous ? ». Dans la foulée, Jean-Christophe Repon, son président, a demandé au gouvernement et aux parlementaires de « mettre un terme aux incertitudes qui paralysent l’activité des 620 000 entreprises artisanales ».

Des TPE-PME qui, selon lui, sont « toujours dans l’attente de mesures concrètes, et ce, depuis l’Appel de la dernière chance » qu’avait lancé la confédération en décembre 2023.

Cette nouvelle séquence d’inertie politique pourrait menacer jusqu’à 300 000 postes dans la construction sur fond de climat d’affaires déjà très tendu. D’autant que le coup de pouce apporté par les JO de Paris a fait long feu (+0,4 % de PIB cet été). Selon l’Insee et la Banque de France, la croissance de l’économie tricolore devrait clore 2024 à zéro.

Au T3 2024, il y a eu 3 359 défaillances de sociétés dans le secteur du Bâtiment (à +26 % sur 12 mois) dont 676 en maçonnerie (+36 %) selon le cabinet Altares.

Reprise des ventes dans l’ancien ?

Un chiffre qui n’est pas pour rassurer le monde du Bâtiment qui, sur la période juillet-septembre 2024, a connu son cinquième trimestre d’affilé en repli. Les carnets de commandes des artisans, eux, s’amenuisent. Au T3 2024, la Capeb constate qu’ils ont atteint 71 jours en moyenne : c’est six jours de moins qu’il y a un an.

Si la construction neuve souffre toujours autant, les travaux d’entretien-amélioration devraient limiter la casse cette année, tout comme les chantiers de rénovation énergétique des logements.

À -0,5 % au T3, ce segment a plutôt bien résisté. Reste à savoir si les transactions dans l’ancien (à -20 % sur 12 mois au T3) relèveront la tête l’an prochain grâce, entre autres, à de possibles nouvelles baisses de taux du crédit immobilier.

Pour la quatrième fois depuis juin dernier, le taux de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE) a d’ailleurs passé de 3,25 à 3 % mi-décembre. Une lueur d’espoir pour 2025 ? En cette fin d’année, les acteurs du Bâtiment formulent un vœu : que les arbitrages budgétaires du nouveau gouvernement Bayrou ne bloquent pas le marché de la rénovation énergétique.

Rénovation énergétique • Le dispositif 2025 sécurisé

MaPrimeRénov’ (MPR) sauvée in extremis ! Au lendemain du vote de la motion de censure contre Michel Barnier, le gouvernement démissionnaire a publié en urgence le 5 décembre un décret et un arrêté fixant les barèmes d’attribution de la principale aide d’État. Certaines règles étaient très attendues comme le parcours de travaux par gestes qui reste accessible en 2025 et l’obligation de fournir un DPE à l’entrée de ce parcours reporté, lui, à janvier 2026.

Stéphane Vigliandi
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