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Rachat de VM Matériaux : « Son autonomie conservée, les achats centralisés » (groupe Samse)

Stéphane Vigliandi
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François Bériot (DG de Samse) et Laurent Chameroy (DG du groupe Samse).

Alors qu’Hérige se recentre sur ses activités industrielles (menuiserie et béton), son pôle Négoce devrait être cédé au groupe Samse d’ici au printemps. Laurent Chameroy (DG du groupe Samse) et François Bériot (DG de Samse) détaillent pour la rédaction de Zepros Négoce les synergies envisagées. L’occasion aussi de revenir sur certains dossiers d’actualité – notamment la REP PMCB et le score CO2 de l’offre.

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Les raisons du rachat

Laurent Chameroy : Entre nos deux groupes familiaux, il y a toujours eu des similitudes : une histoire, des valeurs et un mode de fonctionnement assez proches. Tous deux sont côtés sur l’Euronext. VM Matériaux* et Samse adhèrent au même groupement MCD. Il y a aussi une grande complémentarité au niveau du maillage géographique. Pour de nombreux observateurs, VM est le “Samse du Grand Ouest”, tandis que pour d’autres Samse est le “VM du Sud-Est”. Après avoir retrouvé notre indépendance vis-à-vis du fonds Blackstone, nous avons commencé à définir un plan “Imagine 2030” en 2022 pour préciser la vision stratégique de notre groupe. Et cela a ensuite donné tout son sens au futur projet de rachat.
* En 2013, VM avait déjà cédé au groupe Samse dix agences situées en Dordogne et dans le Sud-Ouest. Un rachat effectué via M+ Matériaux.

Les enseignes VM et LNTP demeurent

L. C. : Le protocole d’accord vient d’être signé. Il faut encore attendre l’accord de l’Autorité de la concurrence. Nous avons bon espoir d’obtenir son feu vert ; nos enseignes et celles du groupe Hérige (VM Matériaux, LNTP et Cominex) n’étant quasiment pas implantées sur les mêmes territoires. Les 79 points de vente VM et les dix agences LNTP conserveront leur identité. Il n’y aura donc aucun changement d’enseigne. Ce serait contreproductif. Quand, en 2003, le groupe a repris Doras, il n’a jamais été envisagé de supprimer l’enseigne. C’est une logique que le groupe applique quasiment après chaque opération de croissance externe ou prise de participation. Les marques-enseignes d’Hérige sont très ancrées dans leurs territoires et représentent un espace géographique cohérent. 

« À travers le groupement MCD, VM Matériaux et Samse travaillent aujourd’hui autour d’un référencement commun regroupant 220 fournisseurs. »
François Bériot, directeur général de Samse

Quels effets de synergie prévus ?

L. C. : VM Matériaux et Cominex conserveront leur autonomie sur beaucoup de sujets comme l’approche commerciale et la relation clients. Les relations fournisseurs, en revanche, seront centralisés pour simplifier les process et optimiser les effets de massification. En revanche, LNTP devrait être animé directement par notre Filière TP & Eau.

François Bériot : Avec VM Matériaux, nous adhérons tous deux à MCD* [François Bériot est l’actuel président de MCD : Ndlr] et bénéficions d’une communauté de fournisseurs communs. Il y avait déjà une certaine proximité puisque nous travaillons sur les référencements, la MDD “Les Indispensables”, les actions commerciales et promotionnelles, etc. Il y aura sans doute matière à optimiser certains points. Quoi qu’il en soit, les échanges et les apports se feront dans les deux sens.

L. C. : Avec les services supports au siège de VM, nous allons apprendre à mieux nous connaître sur la façon de gérer les différentes fonctions techniques support (hors référencements MCD) et d’appréhender l’ensemble des dossiers transversaux (pricing, marketing, logistique, REP PMCB, RSE, etc.).
* Les deux autres membres de MCD sont BME France (Raboni, Busca et Silix TP) et Quéguiner Matériaux.

« Cominex apportera des compléments d’offre pour notre Filière TP & Eau et certaines agences Samse. »
Laurent Chameroy, directeur général du groupe Samse

F. B. : Lorsque le groupe Samse a repris M+ Matériaux en 2008, nous avons développé une dynamique sur les métiers du PPI entre autres en lançant le concept MPPI [en 2018]. Il y aura forcément des passerelles en termes d’expertises métiers. Par exemple, sur le secteur de Bordeaux où nos enseignes sont présentes, VM bénéficie d’un positionnement fort en bois et dérivés – ce qui pourra aussi alimenter la stratégie de notre réseau bois Fibopan –, alors que notre groupe est très axé PPI avec quatre agences MPPI. Dans l’univers de la décoration, VM sera aussi une source supplémentaire d’inspirations. Et, sans doute, cela permettrait d’initier des complémentarités avec notre marque spécialiste Caréo.

L. C. : Quant à l’arrivée de Cominex dans notre périmètre, ce spécialiste des pierres naturelles pour les aménagements urbains et paysagers fournira essentiellement nos enseignes TP & Eau : une filière que nous souhaitons continuer à développer.

F. B. : Mais Cominex nourrira aussi l’assortiment de certaines agences Samse pour enrichir les réponses clients à destination des grands comptes du gros œuvre. Les TP et les réseaux d’eau peuvent représenter jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires dans ces points de vente comme, par exemple, à Grenoble, Chambéry et Annecy.

Refonte du schéma logistique ?

L. C. : Il n’est a priori pas question de centraliser la supply chain. Ce serait un non-sens en termes d’efficacité et de coûts logistiques. Nos bases arrières sont trop éloignées les unes des autres. En revanche, il y aura une coordination entre nos entrepôts. Par exemple, la plateforme de VM située en Vendée continuera d’approvisionner les réseaux VM Matériaux et LNTP. Elle agira probablement aussi comme un maillon complémentaire pour servir notamment en Nouvelle-Aquitaine nos agences M+ Matériaux, Caréo et Ménéo.

« En raison des difficultés opérationnelles de mise en œuvre de la REP (pénurie de bennes…), à peine 50 % de nos 100 agences éligibles sont prêtes aujourd’hui. »
Laurent Chameroy

REP PMCB : des barèmes qui inquiètent

L. C. : Il ne s’agit pas de remettre en cause le bienfondé de l’éco-circularité dans la filière du Bâtiment. En revanche, notre profession s’inquiète des hausses annoncées du montant des écocontributions qui pourraient peser jusqu’à 5 % des tarifs de vente sur certaines familles de produits. L’impact financier sur nos marges et celles de notre aval risque d’être élevé alors que la profession commence tout juste à sortir d’une période de forte inflation. Beaucoup d’artisans pourraient voir leur rentabilité baisser sensiblement.

F. B. : La répercussion de l’écocontribution est passée plus ou moins “inaperçue” jusqu’à présent – à l’exception de quelques typologies de produits comme la plaque de plâtre. Mais l’application de nouveaux barèmes en avril prochain, puis en 2025 et au-delà représente une charge énorme pour financer un maillage urbain de points de collecte trop dense. Dans nos agences disposant d’une déchetterie, le démarrage est d’ailleurs plutôt lent. Se pose aussi la question de l’optimisation des déchetteries en zones rurales et de montagne.

Éco-organismes : adhésion unique ?

L. C. : Là aussi, il n’y a pas de volonté d’imposer un modèle plus qu’un autre, ni de synergie inversée. Chacun garde l’éco-organisme auquel il adhère : Écomaison pour Samse, Valobat et Écominéro pour Plattard [filiale à 34 % du groupe Samse], et Valobat pour VM Matériaux. Il y aura d’abord un temps d’observation entre les choix des uns et des autres avant, le cas échéant, de faire d’éventuels ajustements.

Affichage du poids carbone de l’offre : le dossier est lancé

L. C. : Depuis dix ans, le groupe travaille sur son bilan carbone global. L’enjeu est capital dans le cadre d’une trajectoire bas carbone définie avec le cabinet Carbone 4. Des initiatives conjointes sont aussi menées avec nos parties prenantes. Depuis peu, nous travaillons avec Kompozite pour développer en interne une culture sur le cycle de vie des produits commercialisés par le groupe. En 2023, une nouvelle étape a été engagée pour évaluer le scope 3 [bilan CO2 de l’offre commercialisée, transport…]. Un nouvel accord de partenariat vient d’ailleurs d’être signé avec Kompozite pour apporter plus de lisibilité et de transparence sur les données produits auprès de nos clients. Il s’agit aussi d’accompagner nos fournisseurs en matière de décarbonation de leur production.

F. B. : Le cahier des charges a été fixé en vue d’enrichir notre base de données produits avec les données issues des FDES de la base Inies. Nous devrions pouvoir commencer à déployer l’affichage de l’empreinte carbone des produits d’ici à la fin 2024.

Parmi d’autres sujets d’actualité

• Cémistes. Sur un marché du neuf en berne, Samse souhaite accompagner cette cible clients avec des offres dédiées pour les entreprises ayant déjà pris le virage des travaux de rénovation. Mais « pour les autres cémistes, la bascule exigera sans doute une transformation complexe », estime Laurent Chameroy.

• Développement du réseau. D’ici à 2026, le groupe devrait s’appuyer sur un parc d’environ 75 points de vente en co-activité. Sur un même site, les synergies engagées depuis 2022 entre Samse et ses marques spécialistes se poursuivra. La stratégie devrait aussi être déployée dans certains points de vente VM Matériaux en adossant à une agence les marques MPPI, Caréo et/ou Ménéo.

Stéphane Vigliandi
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