[NégoceTOP 2023] « Sur MaPrimeRénov’, nous avons été entendus »
Entre chantiers porteurs en rénovation énergétique et crise du neuf, le négoce multispécialiste mène de front deux principaux dossiers : la mise en œuvre d’une REP qui suscite encore des irritants et la formation des RAR via le programme Oscar.
Portée en partie par l’inflation, l’activité a, bien sûr, été très bonne avec un chiffre de 21 Md€ HT : c’est une évolution d’environ +10,5 % comparée à la période pré-Covid. Néanmoins, depuis fin 2021, nous sentions que le marché commençait à se tendre avec la crise dans le neuf. D’ailleurs, en 2022, certaines familles du gros œuvre telles que les poutrelles métalliques et treillis soudés ont vu leurs ventes baisser de 10-15 % en volume. En bois et dérivés, le marché s’est maintenu. Quant au PPI [plâtrerie, plafonds, isolation], le segment reste porté par un marché de la rénovation énergétique toujours dynamique. En 2024, la fédération pourrait disposer de son propre baromètre permettant aux adhérents d’avoir d’une analyse fine de l’activité par secteur. L’outil serait d’abord, a priori, trimestriel.
Certains économistes jugent que le marché du logement pourrait connaître sa pire crise depuis les années… 1950 ! Si la promotion immobilière continue de s’affaisser− tant dans le neuf que dans l’ancien −, le risque d’une érosion de la rentabilité des négoces est grand. En outre, le Conseil national de la refondation-Logement a rendu ses conclusions le 5 juin. La FDMC n’a pas été entendue sur beaucoup de points : ce qui suscite des inquiétudes chez nos adhérents. L’État doit prendre des mesures de relance.
Comme tous les acteurs du Bâtiment, la FDMC se félicite de la hausse du budget alloué à la rénovation qui passe de 2,4 Md€ à 4 Md€ par an. C’est un signal fort et un ballon d’oxygène dont le marché a besoin pour parvenir aux 200 000 rénovations performantes en 2024 et lutter contre les passoires thermiques. Cet automne, nous suivrons avec attention le projet de loi de finances 2024 rectificatif.
Sur le front de l’accessibilité des logements, MaPrimeAdapt’ [gérée à 100 % par l’Anah comme pour MaPrimeRénov’] fait partie des leviers pour soutenir l’activité. Tous les métiers sont concernés : aménagements intérieurs, élargissement des portes, salles de bains et douche “zéro ressaut”, etc. Pour l’instant, la réalisation des travaux n’impose pas de label spécifique [du type Silverbat, Handibat ou Les Pros de l’accessibilité dont l’appellation pourrait devenir ProAdapt’]. Mais les choses pourraient évoluer sur ce point. En revanche, la fin du Pinel et la loi ZAN ne répondent pas aux enjeux de la filière.
« En majorant nettement les aides à la rénovation énergétique, l’État répond à l’une des demandes fortes de la filière. »
Si les relations avec les assureurs-crédit se sont apaisées depuis la crise Covid, les trésoreries de nos clients se retendent. Les enseignes sont, bien sûr, plus vigilantes. Mais les fermetures de comptes restent marginales pour l’instant. Quant à la reprise des défaillances d’entreprises artisanales, les niveaux restent en-deçà du seuil atteint lors de la crise financière de 2016.
La profession est un acteur incontournable et est déjà sur une bonne trajectoire. Mais la REP n’échappera pas au schéma de progressivité. À propos des modalités financières de l’écocontribution, la profession attend encore des éclaircissements de la part de l’administration et des éco-organismes. Nos activités de négoce sont très contraintes sur le foncier d’autant que les tensions s’accentuent avec la loi ZAN. Il faut aussi gérer les points de collecte en tant qu’ICPE [installations classées pour la protection de l’environnement]. Les produits à double usage Bâtiment-TP questionnent aussi. Il faudra trouver des solutions. Reste le sujet du critère de seuil à 4 000 m² que la FDMC juge trop bas. En l’espèce, nous redoutons des points de collecte en excès ou trop peu utilisés. Le seuil des 10 000 m² nous semble mieux adapté.
Le programme Oscar [lancé en avril 2022 et porté par l’Association Technique Énergie Environnement] tient ses promesses. Le budget de 15,8 M€ sur trois ans vise à former 6 000 RAR (référents aide à la rénovation) dans le négoce dont 1 260 d’ici à la fin 2023. De son côté, l’Afenbat [Association de formation et d’études du négoce des produits du bâtiment] − certifié Qualiopi et agréé Oscar − a lancé sa première session RAR mi-juillet. Le sujet est capital pour accompagner les artisans dans la prise en main des services du négoce pour monter les dossiers CEE. Mais il faudra aussi une « augmentation massive » du nombre d’entreprises RGE [sur 1,3 million d’entreprises du Bâtiment pouvant y prétendre, seules 5 % ont le label] comme l’a appelé Emmanuel Macron lors d’un message vidéo adressé aux adhérents de la Capeb fin juin lors des Journées professionnelles de la construction.
RH et marques employeurs • En mode “séduction”
À la FDMC, les actions s’intensifient pour recruter et fidéliser les salarié.e.s. Après la signature d’une convention de coopération avec son OPCO Constructys et le gouvernement, la fédération a participé à douze salons régionaux en 2022 : Salon Emploi Formation, Jeunes d’Avenirs et Salon TAF. Le site Avenir-Distributeurs-Construction.fr a été mis en ligne.
Via l’EDEC (engagement et développement de l’emploi et des compétences), la FDMC et ses antennes en région promeuvent aussi les métiers. À l’instar de la FDMC PACA qui vient de créer un Club RH en tandem avec Pôle Emploi.
FDMC • Chiffres clés
• Environ 21 Md€ HT de CA cumulé en 2022 vs 19 Md€ en 2019.
• 1 200 adhérents.
• 8 900 établissements (agences + entrepôts).
• Plus de 5 500 points de vente.
• Environ 90 000 salarié.e.s.
(Source : FDMC)