
« Les EPI sont un levier de croissance important »

Entre départs d'adhérents et hausse des coûts des aciers et produits de quincaillerie, Rik Lecot et Anne-Marie Bihel dressent le bilan d’une année 2024 particulièrement difficile. Cependant, le groupement Éqip a été rejoint par de nouvelles entreprises, avec un chiffre d’affaires nettement supérieur aux deux sortantes.
Rik Lecot (président d'Éqip) et Anne-Marie Bihel (secrétaire générale)
Comment s’est déroulée l’année 2024 ?
Rik Lecot : La fin d’année a été particulièrement difficile, nous avons subi de front le brutal coup de frein du secteur. Nous avions misé sur un redémarrage au second semestre, mais cela ne s’est pas produit. Le retournement a été aussi soudain qu’inattendu. La conjoncture ne concerne pas uniquement la France, c’est à l’échelle européenne que le ralentissement s’est fait sentir.
Anne-Marie Bihel : Beaucoup tablaient sur un retour de la croissance, qui n’est finalement jamais venu… Les décisions gouvernementales n’ont pas non plus facilité les choses. Cela étant dit, notre chiffre d’affaires global s’établit à environ 2 Md€, soit un niveau équivalent à celui de 2023. Compte tenu du contexte, c’est déjà une performance.
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Quels segments de marché ont le mieux fonctionné ?
Rik Lecot : Le segment le plus en souffrance reste celui de la quincaillerie bâtiment, comme l’an dernier. Le ralentissement de l’activité, notamment dans le neuf, pèse lourdement. À l’inverse, les segments outillage, fixation et équipements de protection individuelle (EPI) s’en sortent plutôt bien.
Anne-Marie Bihel : Les EPI représentent d’ailleurs un levier de croissance important. Ce sont des produits consommables, qui nécessitent un renouvellement fréquent. Le volume de réassort est donc structurellement élevé. C’est un complément d’activité régulier, mais qui requiert de vraies compétences techniques. Nous formons nos équipes sur le sujet : il faut des commerciaux spécialisés pour conseiller efficacement les clients. Cette montée en compétence est en cours chez nos adhérents, à des degrés divers.
Cela rejoint le sujet des fournitures industrielles, que vous avez identifiées comme axe de croissance…
Rik Lecot : Effectivement, le marché des fournitures industrielles reste un levier de développement pour notre groupement. Nous nous appuyons sur les compétences déjà présentes en interne. La liste de nos fournisseurs est appelée à s’élargir. Par ailleurs, notre partenariat avec le groupement d’achat allemand EDE monte en puissance. Nous allons proposer un programme sur mesure, adapté aux besoins spécifiques de chaque membre.
« Les acteurs de la rénovation misent sur la durabilité, sur le long terme. Cela a des effets positifs sur le chiffre d’affaires. »
Rik Lecot, président d'Éqip
Quelles sont vos perspectives pour 2025 ?
Rik Lecot et Anne-Marie Bihel : Les difficultés persistent en ce début d’année. Il est encore difficile de dresser un bilan global du premier semestre, mais il est clair que ce ne sera pas un grand cru. Quelques signaux, comme les mises en chantier ou les transactions immobilières, montrent de timides signes de reprise. Mais cela reste très mesuré. Nous restons dans l’expectative. Il n’y a pas de franche reprise en vue. En revanche, la rénovation se maintient à un bon niveau, même si elle manque un peu de dynamisme. Ce qui est intéressant, c’est que les produits utilisés en rénovation sont de qualité supérieure à ceux du neuf, où le prix est souvent le seul critère. Les acteurs de la rénovation misent sur la durabilité, sur le long terme. Cela a des effets positifs sur le chiffre d’affaires.
Le périmètre du groupement a-t-il évolué ?
Anne-Marie Bihel : Nous avons enregistré deux départs depuis la fin de l’année dernière. Le groupe Féraud, à Marseille, a malheureusement déposé le bilan, et nous a quittés de fait. Quant à l’enseigne Au Forum du Bâtiment, elle a rejoint un autre groupement qui a co-investi dans son centre logistique – chose dont nous n’avons pas besoin chez Eqip. Mais dans le même temps, de nouvelles entreprises nous rejoignent. Leur chiffre d’affaires cumulé est nettement supérieur à celui des deux sortants. Leur intégration a été validée à l’unanimité lors de notre dernière assemblée générale, ce qui est très encourageant. Nous communiquerons prochainement à ce sujet.
Rik Lecot : Par ailleurs, nos adhérents sont très dynamiques, tant sur le plan organique qu'en matière de croissance externe. Un bon exemple est la Quincaillerie Angles, qui a repris plusieurs comptoirs ToolStation, entre autres acquisitions.
« Nous avons signé des contrats avec deux sociétés spécialisées qui interviennent auprès de nos membres. »
Anne-Marie Bihel, secrétaire générale d'Éqip
Où en êtes-vous sur les sujets RSE ?
Rik Lecot et Anne-Marie Bihel : De manière générale, on observe un léger recul de la pression réglementaire à l’échelle européenne. Cela apaise les inquiétudes sur le terrain. Nos adhérents restent mobilisés et souhaitent avancer dans le bon sens. Notre rôle, en tant que groupement, est d’apporter de l’information, des outils, de simplifier les choses. Nous avons signé des contrats avec deux sociétés spécialisées qui interviennent auprès de nos membres. Mais il revient à chaque entreprise de décider de son propre rythme et de ses priorités.
La tension sur le recrutement reste-elle forte ?
Rik Lecot et Anne-Marie Bihel Avec la hausse des coûts, chaque embauche est étudiée avec soin. On regarde attentivement les optimisations possibles. Les départs ne sont plus automatiquement remplacés. Cela dit, le marché de l’emploi s’est retourné : il est aujourd’hui plus favorable aux recruteurs. Nous recevons plus de candidatures que nous n’avons de postes à pourvoir, et les profils sont souvent de grande qualité. Les nouveaux arrivants, comme les collaborateurs déjà en poste, ont besoin de formation continue pour monter en compétence. À ce titre, nous sommes toujours accompagnés par la 2nd Academy dont la gestion a été reprise intégralement par Algorel.