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, mis à jour le 06/05/2025 à 08h45

« La réponse des GSB aux ventes de Parkside doit être centrée sur leurs forces et compétences en magasin »

Tommaso Comboni
président du Secimpac
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Tomaso Combini, président du Secimpac.

Face à l’essor des ventes de la marque propre Parkside de Lidl, quels sont les risques de cannibalisation des marques nationales ? Comment réagissent les enseignes de bricolage ? Éléments de réponse avec le président du Syndicat des entreprises internationales de l’outillage portatif et des consommables (Secimpac).

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Quelle est votre vision du marché de l’outillage en 2025 ? Vos prédictions ?
Tommaso Comboni

Côté grand public, je pense que les corrections post-Covid ont eu lieu… Donc je ne m'attends plus à des baisses importantes, le marché est équilibré. Mais nous sommes aussi dépendants de la situation macroéconomique et mondiale. Je ne voudrais pas être à la place de quelqu'un qui doit prendre des décisions sur des gros investissements d'unités productives actuellement. C’est assez illisible.

Que pensez-vous de la stratégie de Leroy Merlin d’aller combattre Parkside de Lidl avec sa nouvelle arme, Essential by Worx ? Est-ce que c'est bon ou pas bon pour le marché ?
Tommaso Comboni

Je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne chose pour le marché. Sur ce niveau de prix-là, c'est très difficile d'apporter de l'innovation. Parkside est une MDD qui a un prix extrêmement attractif, mais qui est faite par ou pour un distributeur alimentaire. Ce sont des ventes considérables certes, qu’il ne faut pas négliger, mais elles restent des ventes opportunistes. Que peut-on construire sur ce type de relation d’achat d’impulsion ? Les GSB, installées et reconnues pour leur expertise, ne devraient pas s’engager dans cette bataille car leur force et leur crédibilité sont bien leur capacité à accompagner un client sur un projet. C'est d’ailleurs ce qui fait l’exception française, une GSB capable de construire un marché du bricolage beaucoup plus large et aussi de mieux résister aux acteurs internet comme Amazon. À mon avis, quand on se met à suivre une enseigne alimentaire, on nie un peu tout ce qui a été construit dans ce sens-là. Cela me semble dommage… comme une perte de patrimoine. J’espère que quand il sera l’heure du bilan pour Leroy Merlin, les faits me... contrediront.

« Les ventes de Parkside sont considérables certes. Il ne faut pas les négliger, mais elles restent des ventes opportunistes. »

Mais Parkside, c’est beaucoup de volume !
Tommaso Comboni

Oui, le volume des ventes de Parkside crée la panique ! Comme les ventes en ligne ont beaucoup troublé les GSB qui ont cherché des réponses en créant des marketplaces. Mais la réponse doit être surtout centrée sur leur force, à savoir la compétence dans les magasins… même si le turnover depuis la Covid a sans doute fait baisser un peu ce niveau de compétences.

 

Ne craignez-vous pas qu'un jour il y ait une convergence ou une obligation de convergence technologique ? Un chargeur ou une batterie commune ?
Tommaso Comboni

C’est vrai qu’au niveau européen, il y a quelques débats. Ça serait une vraie déperdition à mon avis. Cela signifierait que tous les produits conçus aujourd'hui par tous les producteurs seraient jetés à la poubelle, une décision énorme d'un point de vue industriel. Je ne le vois pas comme un élément positif, car une marque investira plus volontiers sur l’innovation si elle est capable de défendre et de capitaliser sur son investissement. 

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Ventes d'outillage électroportatif à la distribution en 2024
Que pensez-vous de la progression, selon GfK, des ventes d’OEP dits “produits nus” (sans batterie) ?
Tommaso Comboni

Cela fait 30 ans de que la première batterie alimentant différents outils a été lancée sur le marché. Nous avons donc commencé il y a longtemps à semer des graines, alors aujourd’hui on récolte ce travail, heureusement, et ces chiffres de ventes de produits nus le démontrent ! Les consommateurs peuvent acheter des machines moins chères, sans énergie. Le concept des plateformes commence à prendre forme. En implantant des batteries dans un foyer, il est fort probable que ce foyer va rester sur votre marque… C'est une forme de fidélisation. 

« Les marques qui ont lancé leur plateforme il y a longtemps bénéficient aujourd’hui d’un avantage vis-à-vis des nouveaux entrants. Le critère d’attractivité se basera toujours sur l’innovation, mais désormais aussi sur l'ampleur de la plateforme, la largeur du choix. »

Cela veut dire que jusqu'à maintenant, toutes ces graines qui avaient été semées, n'avaient pas encore eu l'effet escompté, c'est-à-dire la fidélisation à une marque ?
Tommaso Comboni

Il a fallu du temps, celui de la réaction des consommateurs, mais aussi que le nombre de produit s’élargisse à d’autres que les seules perçeuses. Les autres catégories commencent à grandir. Sur les plateformes les plus évoluées, une batterie fait aujourd’hui tourner plus de 200 produits, de la perceuse à l’aspirateur balai en passant par le ventilateur. Les consommateurs commencent à se permettre des achats différents. On assiste aussi à des cas  “extrêmes” personnes qui deviennent des collectionneurs d’outils d’une plateforme et qui attendent avec impatience les nouveautés.

Cette fidélisation est une bonne chose, mais d’un autre côté elle rend la conquête des clients difficile. Est-ce que ce système finalement ne fige pas les parts de marché ?
Tommaso Comboni

C'est pour cela que les marques qui ont lancé leur plateforme il y a longtemps bénéficient aujourd’hui d’un avantage vis-à-vis des nouveaux entrants. Le critère d’attractivité se basera toujours sur l’innovation, mais désormais aussi sur l'ampleur de la plateforme, la largeur du choix. La cible n’est plus le seul outillage mais la maison, le jardin, le loisir et même la cuisine.

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